Avant le Coronavirus, la délinquance était une des premières préoccupations à Mayotte. Au bout de trois semaines de confinement, des actes sporadiques d’une violence croissante ont été perpétrés à plusieurs endroits de l’île. Dont ceux qui avaient trait aux murengué, combats de rue, qualifiés parfois de traditionnels.
Un contexte qui accueillait à froid la déclaration de la ministre Annick Girardin évoquant une délinquance “en baisse de 45% depuis 3 mois”, expliquant que les 2 nuits de phénomènes liés aux murengué étaient le fait de jeunes désœuvrés. Or, ce qui effraie la population plus encore que la réaction des jeunes, c’est leur nombre, l’intensité de la violence déployée, et l’impression que les forces de l’ordre peinent à en venir à bout, bien qu’elles s’en défendent.
Contacté par notre rédaction, le député Mansour Kamardine s’insurgeait, “Je ne sais pas où elle a pu tirer ses chiffres. Les violences ne sont pas en diminution”.
Ce mardi, la ministre répondait depuis l’Assemblée nationale, interrogée sur ce sujet par le sénateur LREM de Mayotte, Thani Mohamed Soilihi.
Le site Publicsenat.fr rapporte sa réponse: ” Si j’ai choqué les Mahorais, c’est que nous ne nous sommes pas compris. Oui, globalement la violence a baissé. Ces chiffres viennent de la baisse de plaintes déposées. Alors, on peut s’interroger. Est-ce que les gens vont moins porter plainte parce qu’ils estiment que ça ne change pas grand-chose ? Où est-ce que la période de confinement a fait qu’il y a eu moins de plaintes ? », elle nuançait donc le bien fondé des chiffres, en mettant également en garde contre la “manipulation populiste”.
En matière de statistique, on peut répondre sans beaucoup se tromper, qu’en effet, certains, et c’est une erreur, ne déposent plus plainte, et que ces plaintes ont du fondre avec la période de confinement. Pas de petite case à cocher sur l’attestation de déplacement pour le dépôt de plainte… Il n’est donc pas juste dans ces cas là de prendre en compte ces données en période de crise pour évaluer la délinquance. Ou alors, on décide d’évaluer le chiffre d’affaires des restaurants avec les données actuelles, ou le bulletin de notes des élèves sur ce trimestre… on ne va pas aller bien loin !
Anne Perzo-Lafond