En face de la station Total de Kawéni, les automobilistes peuvent voir des couleurs nouvelles sur les façades du collège de K1.
Les mains pleines de peinture, la dizaine de jeunes présents ce mercredi matin contemple la fresque murale qui donne vie à l’enceinte des logements de fonction du collège. Une action d’embellissement de l’habitat qui va bien au delà du simple aspect visuel. Les deux artistes qui les encadrent, Papajan et Baba, se relaient quant à eux sur le mur, apportant quelques finitions et conseils de dernière minute aux adolescents.
Pour ces jeunes de Kawéni, cette idée de fresque, c’est une manière de retourner au collège, plusieurs mois après avoir perdu leurs professeurs de vue. Car le contexte du coronavirus n’a pas arrangé la situation de ceux qui, comme ceux-là, étaient déjà en situation de décrochage scolaire.
“L’enjeu du projet, c’est la cohésion sociale du quartier” résume Pascal Férié, chargé d’étude en politique de la Ville et en Cohésion sociale au Conseil départemental. Dans une logique de coéducation, plusieurs acteurs comme le CD, la mairie, et des associations telles que Icrem et Coup de Pouce ont ciblé une vingtaine d’élèves décrocheurs pour leur proposer ce projet. Un premier atelier de graphie a fait office de réconciliation avec l’écriture.
Quelques mois en arrière, un projet similaire à Vahibé, déjà avec Papajan, visait à réconcilier deux quartiers sous la forme d’une battle artistique. Là, il s’agit de “redonner un sens à l’éducation” poursuit Pascal Férié, soucieux de “valoriser” ces jeunes à travers des talents incontestables, mais peu exploités.
“C’est le type de projet que l’on cherche à développer dans le cadre de la future cité éducative” rebondit Christophe Jacquet, principal du collège K1. L’enjeu étant de mettre en synergie tous les acteurs du quartier afin de créer une continuité entre le temps scolaire et le temps libre, pour que les enfants ne se retrouvent jamais livrés à eux-mêmes, ou aux caïds.
Sur la forme, l’artiste Baba explique laisser une grande liberté aux jeunes. “On essaye de travailler sur les thèmes de la vie quotidienne : les mamans, le poisson, la musique traditionnelle, le lagon… on laisse aux enfants le libre choix de leurs dessins, moi je n’apporte qu’un aspect technique” précise ce spécialiste de la peinture abstraite.
Dans une logique transversale, l’artiste a accueilli aussi sur la fresque un de ses stagiaires rencontré au centre pénitentiaire dans le cadre d’un atelier. L’ancien détenu devenu peintre en profite pour partager son expérience. “Il exhorte surtout les jeunes à embrasser un projet de métier dès maintenant pour éviter l’oisiveté” précise Baba.
A terme, les objectifs éducatifs autour de fresques murales devraient faire tâche d’huile. “L’objectif du Département est de travailler sur toutes les communes, développe Pascal Férié, que ce soit avec des fresques ou tout autre projet éducatif”.
Y.D.
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