Le pôle-relais zones humides tropicales a récemment utilisé les dernières technologies disponibles pour cartographier les mangroves de l’ensemble des outre-mer français qui totalisent 87 773 ha. Grâce au cloud computing proposé par Google Earth Engine d’une part, et les nouveaux satellites européens d’autre part, il a été possible de produire des images très récentes (2019-2020) et sans nuages sur l’ensemble des territoires d’outre-mer. Ces images ont permis de délimiter avec une grande précision les zones de mangroves végétalisées de Guadeloupe, Martinique, Guyane, Mayotte, Europa (Iles Eparses) et Nouvelle-Calédonie, soit 99 % des mangroves d’outre-mer.
Un outil précieux pour les gestionnaires
Cette cartographie, dont la précision est 9 fois supérieure à la précédente publiée en 2017, donne non seulement une évaluation des surfaces pertinente à l’échelle globale, mais pourra être également utilisée par les gestionnaires au niveau local. Ceux-ci peuvent en effet se fier à cette nouvelle cartographie pour suivre les évolutions de surface des mangroves qui les concernent, puisque la cartographie sera mise à jour annuellement. « La publication de ce travail est une grande avancée pour le suivi de la surface des mangroves, souligne Gaëlle Vandersarren, coordinatrice du PôleRelais Zones Humides Tropicales (PRZHT) coordonné par le Comité français de l’UICN et le Conservatoire du Littoral. « On va désormais pouvoir suivre avec précision leur évolution à moindre coût, grâce à ce projet qui s’est basé sur des outils de télédétection de pointe pour réaliser cette cartographie 2020 », ajoute-elle.
Les nouveaux chiffres et la vérification de terrain
Tous les chiffres de surface des mangroves des territoires concernés sont désormais mis à jour. Le nouveau chiffre de la surface des mangroves françaises est de 87 773 ha, comparé aux 91 055 ha de la cartographie de 2017. Cette différence ne reflète pas forcément une perte nette de surface, mais est due à la plus grande précision de cet outil qui a permis d’exclure des surfaces précédemment considérées comme mangroves et qui n’en étaient pas. Les nouveaux chiffres vont permettre de mettre à jour les indicateurs de l’Observatoire National de la Biodiversité (ONB) sur les mangroves, notamment l’indicateur mesurant la surface nationale faisant l’objet de mesures efficaces de conservation. Celui-ci sera renseigné sur la base des nouvelles données, grâce au Réseau d’Observation et d’aide à la gestion des Mangroves (ROM). Les membres du ROM, un des trois réseaux de suivi de l’IFRECOR (les deux autres portant sur les récifs coralliens et les herbiers marins) vont ainsi être sollicités pour effectuer les vérifications de terrain de la nouvelle cartographie, permettant de coconstruire l’outil dans une démarche d’intégration science-gestion.
La protection des mangroves passe par l’action de chacun
Le suivi de l’évolution des surfaces des mangroves n’est qu’une « prise de température » de la santé de celles-ci : leur protection passe d’abord par l’action de chacun ! Tout le monde y gagne, car les mangroves rendent de multiples services aux humains : protection des habitations côtières face à la houle, stockage de carbone, nurserie pour les espèces de poissons, fourniture de produits comme le bois, les tanins ou la pharmacopée… Chacun peut devenir acteur de la protection des mangroves des outre-mer : les résidents locaux peuvent par exemple signaler des perturbations (défrichement, décharges sauvages, brûlages, installations illégales etc.) grâce à l’application ROM, tandis que les habitants de l’hexagone peuvent soutenir soit directement, soit indirectement (par le biais de compensation carbone par exemple) des organisations qui œuvrent à la gestion et la protection des mangroves d’outre-mer. Le Pôle-relais zones humides tropicales et l’IFRECOR comptent sur l’engagement de tous pour préserver les valeurs de ce patrimoine naturel exceptionnel que constituent les mangroves des outre-mer !
Comments are closed.