Ce que l’on sait déjà. Du 2 au 18 mai 2019, une 1ère campagne océanographique sur le Marion Dufresne permettait d’expliquer les séismes qui ébranlaient l’île depuis mai 2018 : un volcan sous-marin à 50 km à l’Est de Mayotte d’environ 820 m de hauteur sur le plancher océanique situé à 3500 m de profondeur d’eau.
Depuis, 15 campagnes ont été menées, de MAYOBS1 en juin 2017, à MAYOBS15 en octobre dernier. Les dernières ont mis en évidence de nouvelles coulées de lave, au sud, à l’ouest et au nord-ouest du volcan, mais depuis le mois d’août 2019, les nouvelles coulées de lave ont uniquement été observées à environ 6 km au nord-ouest du sommet du nouveau volcan par différentiel bathymétrique.
Depuis juillet 2018, le nombre de séismes a diminué mais une sismicité continue persiste, fluctuante, « qui a pu générer des séismes de magnitudes proches de M4 ressentis à terre ».
Le dernier bulletin du REVOSIMA (Réseau de surveillance Volcanologique et Sismologique de Mayotte) rapporte les observations du mois de novembre, mais aussi les attentes sur le rendu de la dernière campagne MAYOBS15. A noter qu’un instrument géophysique avait été perdu et recherché à cette occasion.
Du 1er au 30 novembre 2020, 426 séismes Volcano-Tectoniques ont été détectés. La majorité des séismes Longue Période a eu lieu lors d’essaims de quelques dizaines de minutes, et souvent associés à des signaux de mouvements de fluide (magmatique ou hydrothermal). Le séisme du 10 novembre à 9h19 de M5,3, a été ressenti et a fait l’objet d’un communiqué exceptionnel (localisé à 22 km à l’Est de Dzaoudzi, à 44 km de profondeur).
Nouvelle campagne d’échantillonnage en novembre
La sismicité a évolué sur l’année : le nombre de séisme a augmenté entre mi-janvier et fin-février 2020, suivi par une stabilité de fin-février à mi-mai, puis une chute jusqu’à fin-juillet. Après une très légère augmentation en septembre, le taux de sismicité est en baisse, essentiellement dans l’essaim principal. Les séismes de plus forte magnitude ont lieu majoritairement dans l’essaim secondaire (à 25 km à l’Est de Petite-Terre) depuis plusieurs mois. C’est notamment la cas du séisme ressenti de magnitude M5,3 le 10 novembre 2020. Mais les séismes les plus nombreux sont situés dans l’essaim principal, le plus proche de Petite Terre : « En novembre, sur les 103 séismes localisés manuellement (excluant les détections automatiques), 41 l’ont été dans l’essaim secondaire (à 25 km à l’Est de Petite-Terre), alors que la majorité a été localisée dans l’essaim principal (entre 5 et 15 km à l’est de Petite-Terre) ».
Beaucoup de données vont être actualisées grâce aux dernières observations. Depuis le début de l’éruption, datée au 18 juin 2018, le volume de lave dégagé est de 6,55km3, et doit être réévalué grâce aux observations de la campagne MAYOBS15, « les volumes et les flux émis entre le 11 et le 20 octobre 2020 pendant la campagne MAYOBS15 sont en cours de calcul ».
L’analyse et l’interprétation du phénomène grâce aux données collectées au cours des derniers mois à terre et en mer, doivent également faire l’objet d’une remise à jour, « une nouvelle campagne d’échantillonnage et de cartographie a été réalisée en
novembre 2020. Les résultats seront intégrés au bulletin très prochainement. » En cours également les analyses des roches échantillonnées lors de la campagne MAYOBS15.
Anne Perzo-Lafond
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