CARNET DE JUSTICE. On ne fait pas n’importe quoi contre les associations qui sont au cœur de la vie sociale mahoraise. Voilà ce que pourrait être le message de la justice après la lourde condamnation du Réunionnais Georges Alide dans l’affaire des chèques volés à la ligue régionale de basket-ball de Mayotte.
Les faits sont assez anciens, ils remontent à 2007 et 2008, après que l’homme ait dérobé un chéquier de la ligue mahoraise. Pendant deux ans, il émet régulièrement des chèques et les dépose sur le compte en banque de sa compagne. Il procède ensuite à des retraits avant que l’opposition au chèque soit effective. Ce sont ainsi 36 chèques pour un montant de 145.307 euros qui sont édités et environ 17.000 euros effectivement retirés en liquide.
Envie compulsive d’acheter
Georges Alide a quitté Mayotte en Mai 2008, peu après les faits qui lui sont reprochés, pour rejoindre son île natale. Placé en garde à vue à Saint-Denis de la Réunion après un dépôt de plainte de la ligue le 18 mars 2008, il a rapidement reconnu le vol du chéquier et l’utilisation d’une signature erronée pour pouvoir en faire usage. Par la même occasion, il a également admis percevoir le RMI en même temps que son salaire de formateur dans une association de lutte contre l’illettrisme, une fraude aux prestations sociales pour laquelle il a été poursuivi à La Réunion.
L’homme n’a pas fait le déplacement depuis La Réunion où il réside encore. Il n’est pas non plus représenté par un avocat. Impossible, dans ses conditions, d’avoir sa version des faits et un début d’explications. Le tribunal doit se contenter de cette «envie compulsive d’acheter dans des moments de mal-être» qu’il a exprimé dans une précédente affaire pour laquelle il a été condamné à un an de prison avec sursis.
La ligue de basket en difficulté
Son absence rend encore plus accablante la plaidoirie de Me Kondé, l’avocat de la ligue de basket-ball : «Il n’est pas là, il a préféré fuir plutôt que d’assumer ses responsabilités» et prendre conscience de «l’ampleur des dégâts qu’il a occasionnés.» Me Kondé explique en effet que depuis 2008, la ligue de basket-ball de Mayotte ne perçoit plus de subventions et ne peut plus émettre de chèques, l’obligeant à gérer ses comptes uniquement en liquide ou par virements. «Les premières victimes, ce sont les jeunes qui ont beaucoup plus de difficultés à bénéficier de cette activité sportive. Il y a un tel besoin de structures à Mayotte», s’emporte l’avocat. Une décision judiciaire devrait permettre à ligue de basket-ball de retrouver un fonctionnement plus proche de la normale.
Le Réunionnais est condamné à 3 ans de prison dont 18 mois ferme avec une mise à l’épreuve de deux ans. Il devra également verser 17.000 euros de dommages et intérêts à la ligue en réparation du préjudice matériel, ainsi que 600 euros de frais de justice.
Son absence à l’audience implique que ce jugement est pris par défaut. Le condamné peut faire opposition de ce verdict et obtenir un nouveau procès.
RR
Le Journal de Mayotte
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