Les demandes portent globalement toujours sur l’intégration des agents locaux à la prise de décision de l’Agence en matière de santé. Le Projet Régional de Santé (PRS) a en effet été rédigé lors de l’ARS unique et partagée avec La Réunion, et avait été présenté en 2018. Le bilan du précédent était évocateur des manquements, et puisque, à l’époque, Etienne Billot, Directeur général adjoint de l’ARS OI, en ponctuait chaque point par « offre très déficitaire à Mayotte ». Il faut rattraper donc.
Ce sujet est la ligne directrice des revendications de la CFDT qui dénonce « l’absence d’une feuille de route claire », faute de PRS qui réponde « aux enjeux de santé des mahorais ».
Comme en octobre sur le même sujet, Dominique Voynet acquiesce, avec la réponse attendue, « avec la crise que nous venons de traverser, il était impossible de consacrer des énergies à ça ». Rappelons que les années passent et que le PRS prend fin en 2022.
Des retards organisationnels sont mentionnés, notamment à la Direction des Systèmes d’information, où un ingénieur avait été recruté, mais non reconduit. A ce propos, la directrice générale de l’ARS Mayotte évoque elle aussi des retards dans les chantiers menés, « cet ingénieur est un agent détaché du CHM qui va donc y retourner. »
Du E-Santé avec La Réunion
Impactant notamment le projet de E-santé, de santé numérique. Il s’agit de « faire bénéficier à la population des spécialités absentes du territoire », défend la CFDT. Un audit indiquant un nécessaire investissement dans la formation, les agents en espéraient des retombées, mais Dominique Voynet fera un autre choix : « J’ai décidé de travailler avec La Réunion car ils étaient très avancés sur ce sujet », ce qui provoque la bronca dans les couloirs de l’agence, en mauvais souvenir du passé.
Les ARS sont critiquées sur le plan national pour avoir été créées dans le but de faire des économies d’échelle, et notre Agence de Santé locale ne ferait pas exception selon le syndicat. Mais sur un biais qui est faussé, selon l’ancienne ministre : « On nous reproche d’avoir fait 6 millions d’euros d’économie en décembre 2020, mais ce sont en réalité des remboursements sur des chantiers engagés. Nous avions été méfiants, nous n’avions pas tout dépensé. Nous avons donc reprogrammé cette somme. »
L’autre sujet dominant et récurrent, c’est le manque de formation du personnel, et l’absence de délégation de signature du DGA, Mouhoutar Salim. « Il l’a, mais pas sur le budget », indique encore Dominique Voynet.
Ce qui en ressort, c’est toujours un dialogue difficile entre elle et son personnel, qui parle d’une directrice « qui doit cesser de confondre diriger et donner des ordres sans aucun échange », tandis qu’elle leur reproche notamment de ne pas s’être déplacé « lors d’un point sur le PRS que j’avais organisé ».
Anne Perzo-Lafond
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