Le Campus connecté, c’est une extension de la fac, mais dans un lieu réservé à des études en visio, car non proposées sur le territoire. Avant que le gouvernement ne décide de labelliser 49 nouveaux sites de Campus connectés, 40 avaient déjà été inaugurés en 2020. Ce qui porte à 89 leur nombre en France.
Il s’agit d’un lieu où les jeunes bacheliers peuvent étudier à distance, avec un tutorat, pour décrocher un diplôme de l’enseignement supérieur, BTS, DUT, licence, master, etc. Ils sont généralement situés dans les villes éloignées des grands centres universitaires, et permettent donc de suivre la formation recherchée.
Un concept particulièrement adaptée à Mayotte où quatre bacheliers sur cinq n’ont pas la possibilité de suivre leurs études supérieures sur le territoire. « Cela permettra de proposer une offre complémentaire du CUFR. De plus, beaucoup d’étudiants n’ont pas les moyens financiers de se déplacer en métropole, de louer un appartement, ou tout simplement, préfèrent rester proches de leurs familles », rapporte Sarah Mouhoussoune, la conseillère économique et sociale de Mayotte.
15 étudiants pour commencer
Lorsque la députée Ramlati Ali a informé le recteur Gilles Halbout de cette opportunité pour Mayotte, émise par le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, il a fallu rassembler les troupes pour travailler en cohésion, comme le rapporte le représentant de l’Education nationale : « C’est une belle réussite collective, qui rassemble la CADEMA, pour la mise en place de ce Campus connecté avec le Centre universitaire implanté sur la commune de Dembéni, le conseil départemental et la CCI comme partenaires, notamment sur le choix des métiers et les formations à cibler. C’est cette complémentarité qui nous a permis d’être efficaces lorsque nous avons été auditionné, et choisis parmi les postulants, ce n’était pas gagné d’avance ! »
Ce que confirme Aurélien Siri, président du CUFR, « être retenu à un appel à projet dans le cadre d’un Programme d’Investissement d’avenir, c’est exceptionnel ! Ça va permettre de favoriser l’enseignement supérieur de proximité, car le CUFR ne peut pas accueillir tous les étudiants. »
Le Campus connecté s’installera à la Maison pour tous d’Hajangua et accueillera 15 étudiants dès la prochaine rentrée, « dans quelques années, nous espérons qu’ils seront une centaine, glisse Gilles Halbout, Nous avons déjà identifié dans Parcoursup des formations ouvertes à distance. Ces étudiants seront inscrits dans des universités partenaires. » Pas forcément celles qui ont contractualisé avec le CUFR, « cela dépendra des cursus ». Les examens seront passés sur place, en visio, comme les contrôles continus ou les TP. Dans la liste des formations possibles, l’Institut d’Administration des Entreprises, les écoles d’ingénieur ou des formations complémentaires en langue et dans le secteur du tourisme. « Environ 20% de l’effectif sera consacré à un public en reconversion ».
Créer un esprit ‘promo’
Le conseil départemental est attendu sur son Schéma régional de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation (SRESRI), convenait le conseiller Ali Debré Combo, qui pourra détailler l’offre de formation.
C’est un « projet d’intérêt général », soulignait Mohamed Ali Hamid, président de la Chambre de Commerce et d’Industrie (CCI), pour lequel chaque institution met au panier. Sur 5 ans, les 1,7 million d’euros sont abondés à la fois par la CADEMA (700.000 euros) affectés pour partie à l’extension de la Maison pour tous d’Hajangua et aux équipements, par le conseil départemental (360.000 euros) pour les frais d’inscription, par la CCI (60.000 euros) pour le coaching, et le gros du budget, par le CUFR et le rectorat (600.000 euros) pour la mise à disposition de tuteurs, et grâce au financement reçu du ministère qui alloue 25 millions d’euros à l’ensemble des 49 Campus connectés.
Une organisation qui va permettre aux étudiants, non seulement de profiter sur place de connexion internet, de matériel informatique et d’un accompagnement personnalisé, mais aussi des services du CUFR, sis à proximité d’Hanjangua, de la cafet, de la bibliothèque, des conférences, et de partages de temps avec les autres étudiants. Très investie sur le projet, Sandrine Ingremeau, Déléguée académique au numérique, met aussi en place des éléments de cohésion entre étudiants, « pour qu’il y ait un esprit ‘promo’ ».
Une belle cartouche de plus à l’enseignement supérieur à Mayotte, « important quand on connaît le très bon taux d’employabilité des jeunes diplômés ici », se réjouissait Aurélien Siri.
Anne Perzo-Lafond
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