175 heures de formation, en présentiel et en distanciel, c’est un sacré défi que se sont lancé 23 enseignants de Mayotte. A la clé pour 17 d’entre eux, un diplôme interuniversitaire d’informatique qui les autorise à enseigner cette matière créée en 2019.
Dans un communiqué, le rectorat indique que “l’objectif de cette formation est d’accompagner les futur·e·s enseignant·e·s d’informatique dans l’acquisition des connaissances et compétences minimales nécessaires à l’enseignement de la nouvelle spécialité « Numérique et Sciences Informatiques » (NSI) en classes de Première et de Terminale, dans le cadre de la réforme du lycée. Elle vise aussi à proposer aux enseignants s’engageant dans une formation approfondie en informatique une reconnaissance de leur investissement, en leur délivrant un Diplôme Inter Universitaire (DIU), qui attestera du même niveau de compétences quelle que soit l’université où cette formation aura été validée.
Le DIU est une formation diplômante qui se déroule sur deux années universitaires. C’est une formation hybride qui comporte d’une part cinq semaines de regroupement (trois semaines la première année et deux la seconde), d’autre part un travail à distance entre les périodes de regroupement. Chaque semaine de regroupement comporte 25h d’enseignement présentiel et 10h de travail à distance, soit un total de 175h pour l’ensemble de la formation. Cette organisation générale est nationale et est conçue de telle manière qu’un participant puisse, le cas échéant, suivre les deux années de formation dans deux universités différentes.”
“Ne pas oublier les filles !”
Dans les faits, les 23 enseignants ont dû composer pour cette première session avec la crise sanitaire, qui les a conduits à suivre plusieurs modules de formation à distance. Lors d’une cérémonie de remise de diplômes dans les locaux du rectorat vendredi, le recteur Gilles Halbout a trouvé ainsi “remarquable de se former tout au long de la vie” tout en notant “un premier regret comme militant des mathématiques” en constatant l’absence de femmes parmi cette première promotion. “J’ai toujours dit que mathématiques et informatique ne sont pas réservés aux hommes, il faut le marteler” répète le patron du rectorat. Là dessus, “on a un gros travail de réconciliation à mener”. Sur la mixité, mais aussi “auprès de la jeunesse face à une discipline qui parfois fait peur, est considérée comme sélective, il faut recréer cette envie, et ne pas oublier les filles !”
Et le recteur d’inviter fortement les lauréats à partager le contenu de leur formation avec leurs collègues.
Cette formation sur deux ans ouvre la voie à une professionnalisation des jeunes Mahorais en matière de numérique, dès 2022, un diplôme universitaire “communication digitale et multimédia” doit ouvrir au CUFR informait à son tour Aurélien Siri, le directeur du centre universitaire de Mayotte.
Avec cette communication, le message est donc double, d’abord, les jeunes -et les moins jeunes- sont invités à se former dans les métiers du numérique pour répondre aux besoins de demain, mais surtout, les filles, sous-représentées dans les écoles d’ingénieur “à l’échelle nationale” rappelle Gilles Halbout, sont elles aussi invitées à se lancer. “Aucune étude scientifique ne nous dit que les filles seraient moins bonnes, d’ailleurs on voit au lycée qu’elles ont de très bons résultats en mathématiques, il n’y a pas de raison !” concluait le recteur.
Y.D.
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