Quoi de mieux qu’être sur le terrain pour découvrir et se rendre utile en même temps ? Le Gepomay, association forte de 7 salariés et près de 150 adhérents, recherche des bénévoles pour plusieurs campagnes scientifiques d’étude des oiseaux de notre île appuyées notamment par le programme européen LIFE Biodiv’om. La première ayant commencé ce vendredi, l’urgence se fait sentir, et les recrutements ont commencé.
“On cherche actuellement des bénévoles pour deux projets différents” explique Emilien Dautrey, directeur de l’association. “Le premier projet, est une étude de court terme qui a commencé ce vendredi et qui consiste à étudier le rat dans les mangroves. En effet on soupçonne qu’il ait un impact sur le crabier blanc dans les mangroves en prédatant les œufs voire les jeunes.” Or, le crabier blanc est une espèce dite “parapluie”, sa protection participe à la sauvegarde de tout l’écosystème qui l’entoure, d’où l’intérêt que lui porte le Gepomay. Quant au rat, “il est prouvé qu’il a un impact sur la biodiversité dans les îles. C’est une espèce introduite et envahissante à Mayotte notamment dans les mangroves. La première demande de bénévole c’est donc pour étudier ces rats avec de la capture, marquage et recapture (CMR) afin d’étudier la densité de rats là où il y a des crabiers. Cela va servir à déterminer la quantité de rats avant de lutter contre les rats avec des pièges mécaniques, car on n’utilise jamais de poison dans les mangroves. Puis on va voir si cela a un impact sur leur population. Si c’est le cas on verra si ça a un impact sur les crabiers, et s’il y a plus de jeunes à la fin de la saison de reproduction. Sans cela c’est difficile de montrer de façon directe que les rats ont un impact sur les crabiers. En effet ces derniers font leur nid au sommet des palétuviers, c’est donc difficile de les étudier si ce n’est de façon indirecte”.
Sur la méthode, “ce projet s’étale sur deux ans. Les bénévoles peuvent cependant venir nous aider pendant une journée ou une matinée, ils ne vont pas manipuler de rats mais nous aider à prendre des notes, transporter le matériel, et en même temps on leur apprend pas mal de choses sur nos études, sur la mangrove et sur la biodiversité. C’est un appui technique” précise le responsable du Gepomay. Chaque bénévole peut participer à une ou plusieurs journées selon ses disponibilités? Pour ce seul mois d’août, il y a “7 journées d’étude consécutives en tout dans 3 mangroves différentes, donc 21 journées en tout. A Chaque fois un salarié du Gepomay se charge des manipulations” rassure le directeur.
L’autre projet s’inscrit au long cours dans la continuité des comptages d’oiseaux qui se pratiquent déjà en métropole et dans d’autres DOM.
Compter pour mieux protéger
“Cette deuxième étude est sur le long terme, là on a besoin de personnes pour faire un suivi des oiseaux, deux demi journées par an, sur du long terme. Cela s’appelle le suivi temporel des oiseaux communs de Mayotte (STOC). Le principe c’est qu’il n’y a pas besoin de s’y connaître en oiseaux mais il faut être motivé et disponible sur le long terme à Mayotte” prévient Emilien Dautrey. “Cela s’adresse donc à des personnes qui sont sur le territoire sur le long terme et consiste pour chaque demi journée à noter tout ce qu’on observe et entend dans un rayon de 100m autour de soi. On couvre tout le territoire, c’est pour ça qu’on a besoin de bénévoles. On a pour chaque bénévole 10 points d’observations répartis sur un itinéraire de 3km environ. La personne se déplace de point en point pour couvrir les 10 points sur la matinée à raison de 5 minutes par point d’observation”.
Là encore, aucune compétence préalable n’est requise. Toutefois, “il y a une formation qui est dispensée par le Gepomay gratuitement puis une valorisation des résultats” indique le directeur du Gepomay qui insiste sur l’enjeu de ces études.
“Grace à ces actions on peut connaître les populations d’oiseaux dans les différents milieux de Mayotte que sont les forêts, les milieux agricoles et les villes. C’est un outil d’aide à la décision : si on voit que la population dégringole dans les forets, on peut alerter le gestionnaire pour prendre des mesures de protection, et si elle augmente, on peut en déduire que les actions menées sont efficaces, ce qui est valorisant pour le gestionnaire. Le STOC est un projet qui tient à cœur au Gepomay car ça a prouvé son utilité en métropole en montrant que la population d’oiseaux des campagnes diminuait de façon alarmante depuis 30 ans. Les collectivités essayent depuis de trouver des solutions. Ca peut être un bel exemple pour Mayotte où les forêts diminuent de façon alarmante. Or, à terme on prévoit aussi de se pencher spécifiquement sur les oiseaux des forêts. Si les oiseaux se réfugient dans les campagnes on peut avoir l’impression qu’il y en a davantage, mais s’ils ne s’y reproduisent pas, ça peut aller vers leur disparition” s’inquiète ce passionné.
Y.D.
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