Comment œuvrer pour développer l’économie mahoraise ? Telle est la question qui occupait les intervenants du 4ème forum économique de Mayotte ce mercredi 20 octobre. Introduit par les grands pontes du monde économique de l’île tels que Zamimou Ahamadi, la présidente de l’ADIM ou encore le président de la CCI Mohamed Ali Hamid, il a aussi été présenté par les principaux acteurs politiques qui ont évidemment leur rôle à jouer concernant ce secteur. En effet, aucune économie ne peut œuvrer sans un certain pilotage politique. Ainsi, Ben Issa Ousseni, le président du conseil départemental a fait une allocution de présentation du forum aux côtés du préfet Thierry Suquet.
Tous ont insisté sur la place stratégique de Mayotte au sein du canal du Mozambique, assurant de ce fait son importance majeure dans l’économie de l’Europe par son statut de RUP (Région ultrapériphérique de l’UE). De ce fait, la démographie galopante du territoire a été davantage vue, au sein de ce forum, comme une force que comme une faiblesse. Le tout étant de réussir à la former de manière à faire avancer l’île. L’adjointe au maire de Mamoudzou en charge du développement économique s’est même permise une « boutade », volontaire ou non, en parlant de manière élogieuse de la jeunesse de Mayotte « prête à en découdre ». Second degré ou non, il n’en reste pas moins que les décideurs et acteurs économiques de l’île tentent de considérer les jeunes de Mayotte comme des atouts pour le développement de leur île. Une philosophie positive qui peut potentiellement remonter le moral d’une jeunesse souvent désœuvrée et en manque de repère.
Comment canaliser la jeunesse pour un meilleur développement économique ?
« L’Etat doit réguler l’économie et donner des perspectives à la jeunesse pour stabiliser l’environnement », a déclaré Thierry Suquet en introduction. En plein cœur du canal du Mozambique, Mayotte occupe une place de choix pour l’Europe. Son manque d’attractivité est surtout lié au problème d’insécurité que le préfet relie sans complexe à celui de l’immigration clandestine en provenance principalement des Comores. D’où sa volonté de « mettre le paquet » sur la LIC avec un renforcement constant des forces de police et de gendarmerie pour surveiller les frontières maritimes. Parallèlement, il a assuré vouloir poursuivre au plus vite l’alignement progressif des droits des Mahorais sur ceux du national.
Toutefois, les acteurs économiques voient le multiculturalisme de Mayotte comme une richesse dont ils pourront se servir. Ainsi Gilles Teisseire, représentant du groupe Arcturus, a fait une allocution dans laquelle il a vanté « la place de choix de Mayotte pour développer le marché en Afrique à travers sa situation, sa culture et sa langue ». Le groupe Arcturus est en fait un cabinet de conseil en stratégie institutionnelle et développement de marchés, qui voit en Mayotte un gros potentiel économique. Le bémol étant, comme nous l’avons dit, « le problème d’insécurité qui doit être réglé », mais qui, Gilles Teisseire en est bien conscient, « est commun à beaucoup de territoires de la zone ». Il a aussi mis l’accent sur les atouts amenés par la ZEE (Zone Economique Exclusive) qui fait de la France une des premières mondiales grâce aux eaux de l’île aux parfums.
La formation via le numérique : une solution pour la jeunesse mahoraise ?
Si Mayotte a dû rattraper des années de retard de développement à cause d’une départementalisation tardive, ses jeunes, eux, sont tout aussi connectés que ceux des autres territoires. Fi donc des étapes et développons le numérique ! C’est le pari que font certaines entreprises actuellement. Feiçoil Mouhoussoune, bien connu à Mayotte en tant que patron de l’entreprise d’informatique Etic, est aussi actuellement à la tête de l’écosystème French Tech qui réunit les start-ups et décideurs pour améliorer l’attractivité de l’île. Labellisé en avril dernier, la branche mahoraise a rejoint le plus gros réseau de start-up nationales en termes d’innovations. « Mayotte, dont les habitants parlent 2 à 3 langues nativement, est un terreau très favorable pour motiver les porteurs de projets», a déclaré Feiçoil Mouhoussoune. Son but est de développer les compétences de la jeunesse mahoraise pour « savoir vendre, lever des fonds, être intelligents et échanger », a-t-il déclaré.
Pour cela, il sera secondé par Ed Tech, dont le co-président, Yannick Raffenel, était également présent ce mercredi au 4ème forum économique de Mayotte. Cette association souhaite fonder un Hub au sein de french Tech pour aider à la formation des Mahorais que ce soit au sein de l’enseignement ou de la formation professionnelle. Sa philosophie se base sur les pédagogies « modernes », mais encore rarement mise en place concrètement, telles que celles de Montessori ou de Freinet. Le plus étant, naturellement, le numérique. « Passer au numérique sans un changement profond des techniques d’enseignement est voué à l’échec », a-t-il estimé.
Enfin, cette journée du mercredi s’est clôturée par la signature d’une convention entre le conseil départemental et l’écosystème Systematic, un pôle d’excellence numérique et high tech qui est censé, via un partenariat avec l’ADIM, aider Mayotte dans son processus de développement économique basé sur le numérique.
Nora Godeau
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