Un an et demi après s’être éloigné, Eliasse revient partager sa musique avec les Mahorais. Encore deux concerts ce week-end et de jolis projets.
Il n’avait pas choisi la facilité en quittant Mayotte. Après sept ans passés dans notre département, Eliasse décidait, il y a un an et demi, de repartir pour Moroni. L’envie de faire une pause, de se confronter à autre chose. «Mayotte m’a tout donné. J’ai tout eu ici. Toutes les portes étaient ouvertes. J’ai fait de la musique, j’ai créé un album … J’ai eu ma fille ici. J’ai voulu partir avant de ne plus me sentir bien.»
Eliasse était à la tête d’une petite formation, l’idéal pour se produire aussi bien dans une salle de restaurant que sur une scène pour des centaines de personnes. Les concerts s’enchaînaient sans qu’il se donne le temps de se poser. Partir pour Moroni, c’était donc s’offrir une bouffée d’air créatif. Et la capitale comorienne, c’est aussi chez lui. Pour un musicien, la vie y est moins facile mais il avait besoin de ce «chômage forcé» pour savoir quelle direction prendre. « A un moment donné, il fallait que je pose la question de savoir ce que je voulais. Il n’y a pas que l’argent dans la vie !»
Ces 18 mois lui ont donc servi à travailler dans deux directions. Il a d’abord souhaité se réapproprier la musique traditionnelle en la modernisant, un mélange de dzendzé et de guitare. Avec deux autres musiciens comoriens, il a monté un projet, le « trio Elisouma», qu’il a présenté lors d’une tournée, en novembre et décembre dernier, en Allemagne et en Belgique.
Zangoma, les percussions qu’il aime
A Mayotte, c’est l’autre facette de sa musique qu’il amène avec lui, plus «world music» et percussions, le fameux zangoma qu’il affectionne particulièrement. «On a commencé à jouer à Moroni et ce qui intéressant, c’est que le public n’est pas du tout le même. Ce n’est pas pareil de jouer face à des gens qui comprennent ce que tu chantes. J’ai fait un titre qui parle des problèmes avec l’hôpital, l’eau ou l’électricité et dans le spectacle j’ai intégré une coupure de courant. Là-bas, le public réagit tout de suite, ici il a fallu adapter. Mais, malgré tout, je n’ai pas voulu qu’il y ait une grosse différence.»
Eliasse semble savoir où il est et vers où la musique l’entraîne. De retour à Moroni après ses dates mahoraises, il envisage de monter une véritable tournée avec ses nouveaux titres. Et pourquoi pas un deuxième album, histoire de garder la trace du moment musical dans lequel il est. Méticuleusement, il amasse les captations de ses concerts et les morceaux enregistrés en studio. Il a d’ailleurs enregistré un titre cette semaine dans un petit banga. Dans les ruelles de Mamoudzou, Eliasse est toujours à la maison.
RR
Le Journal de Mayotte
Eliasse est au Ololo, plage de Sakouli, ce vendredi soir à 20h30 puis à La Marine Plage à Acoua, samedi soir.
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