Aux premiers immeubles sans personnalité bâtis aux Hauts Vallons a désormais succédé un programme (longuement) réfléchi de la ZAC du Soleil levant qu’on nous annonce depuis 2008. C’est une réussite qu’a pu visiter la présidente de CDC Habitat, Anne-Sophie Grave ce mardi. Végétation et bardage en bois habillent le quartier, qui va voir naître des aires de jeux, une école, une mosquée et toute une série de commerces. Certains ont d’ailleurs commencé à s’installer, la pharmacie derrière Jumbo s’y est implantée. « Nous avons 4 à 5 ans d’aménagement sur cette ZAC », se réjouissaient le directeur de la SIM (Société Immobilière de Mayotte), Ahmed Ali Mondroha et l’adjoint au maire de Mamoudzou Magoma Hamidani.
On sent que le développement a pris racine quelque part dans cette Zone d’aménagement et semble ne plus vouloir s’arrêter. La machine a mis du temps à se lancer, « il y avait plusieurs difficultés, rapporte la présidente de CDC Habitat, le foncier à trouver pour lequel il fallait un aménageur et nouer un partenariat avec les collectivités territoriales ». Faute d’établissement public foncier, les choses ont végété, et l’arrivée de l’EPFAM (Etablissement Public Foncier et d’Aménagement de Mayotte) si elle a suscité un vif enthousiasme, a appris aussi la patience faute de moyens suffisants au départ. Pour l’assister, dans une tribune du Monde, les ministres Darmanin et Lecornu annoncent d’ailleurs l’arrivée d’un Etablissement public d’aménagement, doté de moyens, pour booster les programmes dans les 10 ans qui viennent.
Des prix “anormalement bas” en début de programme
Lors de la visite de l’immeuble Juwa (soleil), Anne-Sophie Grave aura pu entendre un des acteurs glisser qu’au moment de l’appel d’offre de la ZAC, les prix avancés par les entreprises étaient « anormalement » bas, « on a dû leur demander de les reformuler, par peur qu’elles se rattrapent ensuite sur des avenants ». C’était au temps des marchés, pas muets, mais pas loin, « il fallait se battre pour en décrocher un », nous explique un des concepteurs du projet de la ZAC. La conjoncture a bien changé. Avec 1.200 logements en chantier actuellement sur l’île, la SIM est sur une spirale ascendante, « nous avons un rythme de croisière de 600 par an en perspective », confirme Ahmed Ali Mondroha.
Et les prix s’en ressentent, alerte un des concepteurs de bâtiment indépendant qui souhaite rester anonyme, « ils sont partis à la hausse, ce qui pourrait laisser penser à une entente entre les trois grosses entreprises du secteur ». Les majors Vinci, Colas et IBS n’ont que l’embarras du choix, « ils sont blindés de boulot ! » Le chiffre arrêté pour le lycée des métiers de Longoni et ses structures accolées serait de 108 millions d’euros, « on atteint des sommets ! ». L’alignement des planètes entre les compétences mises en place par la préfecture au sein de ses services et le plan de convergence, « qui est en bonne voie », de 1,6 milliard d’euros, produit ses fruits.
Il va falloir s’adapter, sous peine de contraindre des réalisations à budgets constants. Mais il n’y a pas pléthore de solutions. Attirer une entreprise du BTP de La Réunion ? « C’est compliqué car les salariés ne veulent pas venir à Mayotte, il y a un apriori là-bas. » Les regards sont tournés vers la métropole. « Sinon, les maitres d’ouvrage peuvent travailler en conception réalisation ». Ce qui permet à l’acheteur de confier simultanément la réalisation d’études (la conception) et l’exécution de travaux (la réalisation) à un groupement d’opérateurs économiques ou à un seul opérateur pour les ouvrages d’infrastructures.
Mayotte devient au moins attractive pour les entreprises du BTP, qu’on se le dise !
Anne Perzo-Lafond
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