Une vaste collaboration scientifique a permis de dresser la liste UICN des espèces d’oiseaux menacés à Mayotte. Dix espèces sont vulnérables ou en danger, une est en danger critique.
«Danger critique d’extinction», l’expression fait toujours froid dans le dos. Elle pose, sèchement, la situation d’une espèce animale qui pourrait disparaître à tout jamais de la surface du globe. A Mayotte, elle s’applique à un oiseau, le héron crabier blanc, selon la liste rouge des oiseaux de Mayotte établie par l’UICN, l’Union internationale pour la conservation de la nature (Voir la Liste rouge des Oiseaux de Mayotte). Dressée après de longs mois de travail impliquant de nombreux scientifiques, elle établit également que ce héron blanc est «mondialement menacé».
«On ne connaît que quatre sites reproduction pour cette espèce, sur une île des Seychelles, à Europa, Madagascar et Mayotte», explique François Jeanne du Gepomay, le Groupe d’étude et de protection des oiseaux de Mayotte. «La population d’Europa n’a pas fait l’objet d’études précises mais on sait que le nombre de nicheurs diminue très fortement à Madagascar.»
Mayotte lieu d’étude du héron
A Mayotte, l’espèce est suivie depuis la création du Gepomay en 2010. «On commence à avoir des données assez précises sur son habitat mais on manque encore de beaucoup d’informations en particuliers sur sa reproduction.» Intégralement blanc en période nuptiale, le héron crabier devient marron foncé d’avril à septembre.
Cet oiseau habite les zones humides ce qui rend son observation un peu délicate car il s’agit de recueillir des données sans le perturber. Le héron crabier n’hésite pas à déménager s’il est dérangé. Dans les mangroves de Mayotte, le Gepomay réalise des observations ariennes pour repérer les colonies puis des approches en kayak ou à pied, en fonction des marées. Une soixantaine de couples a été formellement identifiée l’an dernier à Mayotte… et pas seulement par les scientifiques car l’espèce est aussi braconnée.
Mangroves et zones humides à protéger
Connaître ses lieux de vie permet aussi de mettre en place des politiques de conservation et d’éviter de reproduire des erreurs comme ce fut le cas à Tsararano. L’assèchement de la zone humide pour la construction du marché et l’implantation de la station d’épuration a entraîné la destruction d’une zone qu’il fréquentait.
Le héron crabier blanc est l’espèce la plus menacée de Mayotte, mais elle n’est pas la seule. Trois sont en danger : la Grande Aigrette, le Héron de Humblot et le Martinet noir africain. Enfin sept autres sont classées comme vulnérables.
Cette liste rouge des oiseaux de Mayotte devrait permettre d’orienter les actions de suivis pour recueillir les informations manquantes sur chaque espèce. Elle devrait également déboucher sur des mesures de protection pour éviter que ces oiseaux ne soient, un jour, classés dans les espèces éteintes.
RR
Le Journal de Mayotte
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