En inaugurant officiellement la ligne d’Ewa Air Mayotte-Mozambique, les acteurs économiques de l’île ont découvert les potentiels d’un pays voisin. Ils ont réalisé à quel point les entreprises françaises y ont leur place.
Le bilan du voyage est positif pour les acteurs économiques. En se rendant au Mozambique vers lequel la compagnie Ewa, détenue majoritairement par Air Austral, a lancé une liaison depuis Mayotte il y a deux mois, la délégation de chefs d’entreprise mahorais, dont Ida Nel (directrice de Mayotte Channel Gateway), Soizic Duret-Motard (Club Export), les représentants des entreprises du bâtiment ou de l’hôtellerie, a découvert un pays pauvre, mais prometteur.
Classé 184ème sur 187 selon l’Indice de développement Humain (IDH), le pays avance un revenu par habitant à peine supérieur à celui de Madagascar et une espérance de vie de 50 ans. En contraste total avec l’installation moderne et l’activité qui règne au port pétrolier de Pemba.
Constatant en effet qu’un navire pouvait attendre 12 jours avant d’être servi, les autorités n’ont pas attendu que le trafic s’en détourne : elles ont commandé à la filiale Bolloré Africa Logitics un ponton flottant. C’est Louis Olivery, prochain consul honoraire de France à Pemba, qui a mené les 6 mois de travaux qui ont permis de décongestionner le port.
Un champ de gaz
L’initiative était d’autant plus indispensable que la compagnie italienne INA commençait à exploiter son gisement de gaz. « On parle de champ gazier et pétrolier au nord de Pemba également », indique Xavier Desplanques, président du Carrefour des Entrepreneurs de l’océan Indien.
Il dresse un parallèle avec Madagascar où il réside : « la situation est semblable aux investissements miniers de Fort Dauphin, avec un potentiel énorme pour les entreprises sous-traitantes. » Un intérêt qui pourrait inciter les îles voisines à venir voir de plus près si elles ne peuvent pas suppléer une offre locale déficiente dans certains secteurs, notamment en terme d’aménagement, en location de voitures ou autre.
Une opportunité que pourrait saisir Mayotte qui, bien que moins concurrentielle que Madagascar en terme de coût de main d’œuvre, présente l’avantage de parler la même langue. Car, ancienne colonie portugaise, si les Mozambicains sont lusophones, les jeunes s’expriment de plus en plus en langue bantoue.
Un taux de croissance de 7,5%
Notre île, moitié moins loin de Pemba que Majunga, a donc peut être une carte à jouer. Surtout que tout est à faire : la France est le 20ème fournisseur du Mozambique avec 0,6% de part de marché.
Mais un problème demeure, il faut trois visas pour voyager sur ces trois territoires Mozambique, Mayotte, Madagascar, « et soumis à accord préfectoral », précise Xavier Desplanques. Bien qu’officiellement les autorités mozambicaines annoncent une facilitation d’obtention des visas, sa délivrance peut encore être très problématique.
Les opérateurs mahorais auraient tout intérêt à prendre la dimension des possibilités qu’offre ce pays au taux de croissance de 7,5% par an. Surtout, que ça risque de se bousculer aux portes du Mozambique : le mois prochain, une mission comparable du Club Export de La Réunion se rend sur place, menée par le président de Région Didier Robert.
De son côté, le Carrefour des entrepreneurs, le Medef Mayotte, le Club Export et la CCI organise les « Journées 3M bis », réplique des Journées 3M : « une mission de rencontres entre opérateurs malgaches et mahorais et les hommes d’affaire mozambicains à Maputo », indique Xavier Desplanques. Un club d’entrepreneurs franco-mozambicain devrait d’ailleurs prochainement voir le jour, « futurs partenaires du Carrefour de l’Océan Indien ».
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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