Les élus du Conseil économique social et environnemental sont là pour guider les conseillers généraux dans l’élaboration du budget. Des consultants que le Conseil général ignore le plus souvent. Ils ont donc lancé un avertissement.
Les élus du Conseil Economique Social et Environnemental de Mayotte (CESEM) étaient réunis ce mardi 10 juin à 14 heures en séance plénière. Une assemblée importante puisqu’elle concernait en priorité l’avis à donner sur le budget primitif 2014 du Conseil général, avis obligatoire qui, s’il faisait défaut, peut être cause d’annulation du budget.
L’opinion du CESEM n’a pas évolué depuis les préconisations envoyées lors du débat d’orientation budgétaire d’avril.
S’il prend acte du retour à une autonomie financière avec un excédent budgétaire de 45 millions d’euros et des grands objectifs de « maintien d’un bon niveau d’épargne, d’une imposition modérée en prévention de tensions sociales, de maintien d’un rythme de désendettement et de reprise d’investissements », il déplore toujours une présentation qui ne permet pas une lecture par fonction, « qui permettrait de comprendre quelles sont les politiques publiques mises en œuvre ».
« Des lampistes ! »
L’élévation de la masse salariale est un des points inquiétants pour le président Dahalani, qui rajoute qu’« en 2009, les agents étaient déjà indexés. Là, vous venez encore de doubler ! Pourra-t-on voter un budget en 2017 à 40% d’indexation avec des recettes qui stagnent ?»
Le document comptable pour permettre de rendre un avis réfléchi n’est pas arrivé à temps, et les deux interlocuteurs du Conseil général invités du jour ne sont pas décisionnaires des politiques mises en place, alors que c’est le sujet même de l’assemblée. « Des lampistes ! », dira même Riffay Hamidouni, Ascoma et élu du CESEM et qui ne peuvent que répondre « chiffres » quand on leur demande « pourquoi ? » Ils le disent eux-mêmes, « les politiques devraient être à notre place ».
Un problème qui semble spécifique de Mayotte si l’on en croit Abdou Dahalani, président du CESEM : « ailleurs, il y aurait dans la salle un élu et le DGS, il nous avait d’ailleurs promis sa présence à toutes les assemblées. Mais, nous avons malgré tout maintenant un interlocuteur au Conseil général. Les choses avancent peu à peu ».
Une arme nucléaire
Abdou Dahalani se veut consensuel face à la grogne qui monte : « ils sont absents de notre assemblée et ne tiennent pas compte de nos avis, boycottons le vote ! », lançait Kamiloudine Djanffar, syndicaliste et élu du CESEM, appuyé par de nombreux autres élus conscients de détenir là « une arme nucléaire »… leur vote du jour est indispensable avant la plénière du département qui doit se tenir ce jeudi.
Une non-reconnaissance de leur travail, pourtant de qualité, d’ailleurs utilisé lors des débats en assemblée par plusieurs conseillers généraux, en particulier d’opposition. Mais aussi, un dénigrement, « une vision déformée de la part des conseillers généraux qui voient l’élu du CESEM comme un simple encaisseur d’indemnités », déplorent-ils.
Pour calmer son monde, Abdou Dahalani promettait une rencontre annuelle entre les deux assemblées, « autour d’un séminaire de réflexion sur les priorités du département ».
Des recommandations utiles viennent d’être transmises dans l’avis, seront elles suivies alors que la seule opposition qui va les brandir est ultra minoritaire ?
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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