Huitième jour de conflit social à la Sodifram avec de nombreux rebondissements. Justice, marche, médiation et déblocage puis reblocage de la zone logistique… Récit de la journée.
8h. Le conflit à la Sodifram s’éclate sur trois points et impacte tout le département. La direction du groupe a décidé, comme elle l’avait annoncé ce week-end, de ne pas ouvrir l’ensemble de ses magasins de Mayotte. Les salariés non-grévistes qui le souhaitent et le peuvent sont appelés à se rassembler sur le parking du supermarché de Kawéni. Ils sont environ 120 à se retrouver.
Pendant ce temps, devant les entrepôts du groupe, le piquet de grève de Force ouvrière s’est renforcé. Environ 80 manifestants comptent bien maintenir le blocage au cas où les non-grévistes viendraient lever le barrage.
Au tribunal enfin, la Sodifram vient plaider l’appel de l’ordonnance prononcée jeudi dernier pour demander, de façon claire, l’intervention des forces de l’ordre pour permettre la circulation des camions. L’avocat de la direction, veut «donner une réalité à cette décision». «Nous sommes là pour obtenir l’intervention de la force publique pour mettre un terme à tout ça.»
La direction met également en avant un nouveau constat d’huissier sur le blocage du magasin HD de Kawéni vendredi à 18 heures.
Les syndicalistes, eux, n’ont pas d’avocat. Taanli Mouhoudhoir, le représentant syndical, conteste le blocage de tout magasin. A HD, les grévistes voulaient simplement constater que «des embauches ont été faites pour remplacer des grévistes, ce qui est interdit.»
Le juge pose la seule question qu’il a à trancher : «Les camions peuvent-ils venir chercher des marchandises ?» Taanli Mouhoudhoir répond franchement : «Non, ils ne rentrent pas.»
La décision est annoncée pour midi.
10h. Scandant leur slogan «Laissez-nous bosser, les voyous dehors», les non-grévistes entament une marche vers le piquet de grève.
La directrice de la DIECCTE, Monique Grimaldi et le Capitaine de Police Chamassi jouent les intermédiaires pour éviter un contact qui pourrait être violent. La perspective d’une médiation à la direction des entreprises et du travail se dégage. Les non-grévistes reviennent à leur point de départ pour un «pique-nique festif».
12h. La décision de justice attendue tombe. Le recours à la force publique est autorisé face au blocage des camions de la société . Les non-grévistes accueillent la nouvelle en applaudissant à tout rompre. Chacun peut repartir en direction de son magasin en espérant l’arrivée des premiers camions de marchandises dans l’après-midi. Priorité va être donné au réapprovisionnement des enseignes du Grand-Mamoudzou et de Petite-Terre, les plus impactées par le blocage.
La direction appelle les salariés à faire «les heures supplémentaires qui vont bien» pour remettre en route les magasins, «sachant que les heures supplémentaires ont toujours été payées par l’entreprise». Sourire des non-grévistes.
13h. Le barrage est levé sans que la police n’ait besoin d’intervenir. Le service de sécurité mis en place par la direction est intervenu, relativement en douceur. La valse du réapprovisionnement peut débuter.
Rapidement, dans les rues de Mamoudzou, c’est un ballet incroyable de camions marqués au logo de la Sodifram qui circulent dans tous les sens.
14h. L’ensemble des magasins du groupe Sodifram de Mayotte sont rouverts et commencent donc à recharger leurs rayons et leurs réserves. A la DIECCTE, les négociations débutent entre syndicat et direction pour sortir du conflit.
16h. Interruption des négociations. A Kawéni, les grévistes ont remonté un piquet de grève et bloquent à nouveau les camions. Taanli Mouhoudoir, le délégué syndical, rejoint les grévistes à Kawéni. Après une heure de discussions, ce nouveau blocage est levé. Les discussions peuvent reprendre à la DIECCTE.
A 18 heures, la grève qui concerne toujours une centaine de salariés n’est pas levée mais l’entreprise peut à nouveau fonctionner. Les négociations se poursuivent pour sortir de ce conflit social qui laissera, sans nul doute, des traces durables dans l’entreprise.
RR
Le Journal de Mayotte
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