Plus d’un mois après l’affaire des sextapes* qui a défrayé la chronique aux Comores, l’avocat de deux victimes s’est exprimé devant la presse, mardi 2 août à Moroni. Me Said Mohamed Said Hassane, avocat au barreau de Paris et de Moroni, a annoncé le dépôt d’une plainte contre Pascal Soret, au tribunal judiciaire de Paris.
A l’entendre, il a été mandaté par deux des familles des jeunes filles, victimes présumées de sextapes imputés à cet enseignant français qui était en poste à l’Alliance française de Fomboni à Mohéli, la petite île des Comores. Me Said Mohamed Said Hassane affirme que la plainte consiste à pousser le procureur saisi à “ouvrir une information judiciaire” pour faire éclater la vérité. “Il dispose d’un délai de quatre mois pour se prononcer”, a souligné l’avocat.
Une double information judiciaire à Fomboni et à Paris
Une enquête est actuellement menée au Tribunal de Fomboni, d’après le substitut du procureur joint au téléphone par le JDM. “Une information judiciaire a été ouverte. Le dossier est en instruction. Des auditions ont été faites. Nous attendons l’ensemble des témoignages et autres preuves avant la rédaction de toute ordonnance de mise en accusation de l’auteur présumé”, a indiqué Djaanffar Mouhoidhoir, le numéro deux du parquet de Mohéli.
L’autre avocat, Me Mohamed Nassur Said Ali, qui défend lui aussi les intérêts des victimes a fait savoir que ces dernières auraient accusé l’enseignant français “d’être bien l’homme qu’on voit sur les vidéos à caractère pornographique avec de jeunes filles mineures”. Mais, à ce jour, il n’y a aucune preuve démontrant que Pascal Soret soit l’auteur des faits reprochés ou à l’origine de la publication des vidéos incriminées. L’ambassade de France à Moroni, dans un communiqué, a appelé au “respect de la présomption d’innocence”.
L’enseignant (nous évitons de publier sa photo) se trouve actuellement en France, selon d’autres sources confirmées par des autorités judiciaires comoriennes. “S’il y a des comportements inappropriés ou pénalement répréhensibles, il appartient à la justice de se prononcer, que ça soit la justice comorienne ou la justice française”, indique le communiqué de l’ambassade de France.
L’initiative de la plainte a été engagée après plusieurs jours de dures négociations avec des familles des jeunes filles. Celles-ci ne souhaitaient pas que leurs progénitures soient exposées à des scenarios de procès au tribunal au risque d’entacher à jamais leurs images. “C’était difficile de convaincre les familles. Nous l’avons fait car nous estimons que l’affaire ne doit pas restées impunie”, a indiqué Me Said Mohamed Said Hassane. L’avocat a salué “le courage de ces deux jeunes filles qui ont brisé le silence”.
Une victime a tenté de se suicider
Les procédures judiciaires pour des faits d’agressions sexuelles sont souvent étouffées aux Comores par les familles des victimes elles-mêmes qui évitent que cela soit porté à la connaissance du grand public. Dans la majeure partie des cas, ce sont les associations de défense des droits des mineurs ou le Service d’écoute qui prend l’initiative de défendre les victimes de viols ou d’agressions sexuelles. Les victimes de ces sextapes sont âgées entre 18 et 23 ans, d’après de nombreux témoignages relayés par certains membres de leurs propres familles.
L’affaire des sextapes avait fait scandale aux Comores. En effet, dans trois vidéos largement partagées sur le réseau social WhatsApp, on y voit un homme en plein ébat sexuel avec des jeunes filles, considérées comme des élèves de l’Alliance française de Fomboni. L’auteur des faits a pris le soin de ne pas apparaitre sur les vidéos disponibles. Très vite, un collectif de Mwali, en colère, a demandé la fermeture de l’Alliance française de Fomboni. L’opinion aux Comores avait été scandalisée par l’affaire. L’une des victimes aurait tenté de se suicider trois jours après la publication de ces films.
A.S.Kemba, Moroni
* Vidéo érotique ou pornographique destinée à un partage privé
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