Le sénateur mahorais Thani Mohamed Soilihi signe avec Jean-Pierre Sueur, Président de la commission des lois du Sénat, une tribune libre dans Libération sur la responsabilité de l’Etat dans la situation de Mayotte.
Deux sénateurs se font journalistes pour un jour dans un papier sorti mercredi dans Libé et titré « Mayotte département français… surtout dans les textes ».
Thani Mohamed Soilihi et Jean-Pierre Sueur y rapportent tout un ensemble de difficultés connues ici, mais de peu de citoyens métropolitains, dont l’absence de maitrise du français pour 60% de la population en âge de travailler, ce qui maintient de facto un niveau élevé de chômage.
Les deux sénateurs y interpellent l’Etat au lendemain de la visite de François Hollande qui y avait été accueilli « par une population enthousiaste et vigilante » : « Mayotte représente une chance pour la France ».
Mais ils font plus. Les deux parlementaires dénoncent un laxisme fauteur de troubles actuels : « l’Etat y a une part de responsabilité puisqu’il a longtemps hésité à investir, à s’investir aux côtés de ce territoire et de sa population. Alors même que l’île est française depuis 1841, très peu d’enfants mahorais ont ainsi eu la possibilité de fréquenter l’école de la République ». Selon l’INSEE, prés d’un tiers des mahorais n’a jamais été scolarisé.
Une tribune nationale
Pour preuve, les infrastructures qui relèvent de l’Etat font défaut comme l’assainissement, « 60% des habitations n’y sont pas raccordées ».
Les deux sénateurs rappellent la pression migratoire, les drames humains des embarcations qui sombrent, et les reconduites inefficaces.
On connait les mesures attendues, « une coopération efficace en matière policière et douanières ». Elle a commencé depuis deux ans et le passage du conseiller d’Etat Alain Christnacht qui avait préconisé d’orienter les formations et les échanges vers les gardes côtes. C’est ce que font les légionnaires du DLEM depuis.
Une Tribune inattendue de la part d’un homme qui se fait davantage connaître pour son travail acharné et ses amendements : « c’est justement pour trouver un relai à mon action de législateur qui a ses limites. Il faut sensibiliser et défendre la cause de Mayotte dans un grand média national », nous explique Thani Mohamed Soilihi.
Il s’est beaucoup battu pour qu’une délégation se rende à Mayotte, a soutenu les rapports successifs Sueur sur Mayotte en 2012, et Patient cette année sur l’ensemble des Outre-mer, « il fallait que les Français entendent parler de Mayotte autrement qu’au détour d’un fait divers ».
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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