Mayotte entre dans le dispositif national de collecte et de recyclage des piles et des petites batteries. L’occasion d’apprendre que nous avons en moyenne 50 équipements qui utilisent des piles dans nos maisons.
Les dispositifs de collectes et de recyclages de nos déchets continuent de se déployer à Mayotte. C’est maintenant le tour des piles et des petites batteries à entrer dans un programme de traitement spécifique. L’éco-organisme Corépile chargé du dispositif à l’échelle nationale installe le service avec le soutien de la Chambre de commerce (CCI) et l’ADEME, l’agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie.
Des bornes de collecte vont être mises en place d’ici à la fin de l’année dans les enseignes de distribution mais également dans les dukas (épiceries), les administrations ou les entreprises pour nous permettre de nous en débarrasser intelligemment. Sont concernées toutes les piles jetables et rechargeables de moins de 3 kg. On y trouve donc aussi bien celles de la télécommande de votre télé, du décodeur, du garage ou de la clim’ que la batterie de votre montre ou de l’appareil photo numérique qui ne fonctionne plus.
La pile, cet objet sous-estimé
Car une des particularités de ces batteries en tous genres est que nous sous-estimons très largement leur quantité dans nos maisons. Entre celles qui fonctionnent, qui ne fonctionnent plus, qu’on vient d’acheter ou qui sont au fond d’un tiroir… ce sont en moyenne 75 piles et batteries que nous abritons sous nos toits. Et Corépile estime à une cinquantaine le nombre d’équipements d’un foyer qui utilisent des piles.
Actuellement à Mayotte, les piles sont traitées dans la masse des déchets et ne sont pas encore valorisées même si quelques bornes de collecte sont installées ici ou là. Dans quelques mois, toutes celles qui seront ramassées par le système seront ensuite «massifiées» puis conditionnées par Star Mayotte pour être transférées par conteneurs en métropole où elles seront recyclées. Car l’enjeu pour l’environnement est là.
Des piles riches en métaux
Rejeter ses piles et petites batteries dans la nature ou dans les décharges n’est clairement pas un geste citoyen mais il représente aujourd’hui une pollution relativement minime. Le plomb, le mercure ou le cadmium ne s’y trouvent plus que dans des quantités négligeables et l’atteinte pour l’environnement est donc faible. En revanche, elles sont une véritable mine au sens propre du terme. «Elles renferment des taux de métaux important que l’on peut récupérer. Dans une batterie au lithium, on trouve par exemple 10% de cobalt. Aucune mine au monde possède un gisement avec un tel rendement», souligne David Turmel, ingénieur développement et environnement à Corépile.
En moyenne, le recyclage d’une pile produit 33% de zinc, utilisé dans la fabrication de toitures, 24% d’alliages de nickel et de fer qui permettent de fabriquer des aciers inoxydables, ou encore 3% de cuivre remployé dans l’industrie.
Il est à noter que l’ensemble du dispositif, à l’image des autres collectes sélectives, est financé par les entreprises productrices et de distribution qui ont obligation d’adhérer à l’éco-organisme.
Cubes à piles
Au niveau national, Corépile estime à 30% le taux de piles collectées, ce qui représente 130g par an et par habitant. A La Réunion où la collecte sélective a débutée en 2007, ce sont 92g par habitant qui sont ramassés chaque année, un taux supérieur à celui de l’Ile-de-France.
Pour atteindre un niveau satisfaisant rapidement à Mayotte, des petits «cubes à piles» vont être distribués dans les mois qui viennent. Ces boites en carton correspondent au volume annuel de pile que consomme un foyer. Ces cubes permettront de stocker ses piles avant de les amener dans une borne.
RR
Le Journal de Mayotte
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