Le cadre des Rencontres de la Sécurité permet de faire le point sur une accidentologie de plus en plus meurtrière sur les routes à Mayotte. L’alcool est impliqué, notamment chez les jeunes.
Le nombre d’accidents corporel de la route à Mayotte ne cesse d’augmenter. De 217 en 2012, il s’est accru à 291 en 2013. Cette année, à la fin septembre, on totalise le même nombre qu’en 2012, soit 217, dont deux graves sur les deux derniers week-end. Si l’année n’est pas terminée, on peut toutefois espérer ne pas dépasser le chiffre record de 2013.
Ces chiffres ne sont pour autant pas catastrophique puisque, ramenés au nombre d’habitants, les accidents de la route sont presque deux fois moins nombreux qu’en métropole. Mais le potentiel de développement du parc automobile sur notre département doit inciter à la prudence.
D’autant plus que les accidents sont de plus en plus meurtriers : de 3 décès en 2011, nous sommes passés à 7 en 2014. Même si on peut tout faire dire aux chiffres puisque un seul accident impliquant un bus peut faire beaucoup de dégâts, et que le nombre de blessés tous accidents corporels confondus, tend à diminuer, les acteurs de la sécurité ont décidé de prévenir plutôt que guérir.
5 heures pour éliminer deux verres
Les journées nationales de la sécurité y sont consacrées, et c’est le fléau montant dans le département de Mayotte, l’alcool, qui était prioritairement visé ce mardi au lycée de Dembéni.
Plusieurs classes dont des 1ère STIDD (Développement Durable) ont écouté la conférence menée par le commandant de gendarmerie Larroque épaulé par l’infirmière scolaire Stella Fraticelli. Ils avaient, à l’issue, un quizz de bonne compréhension, et 22 bonnes réponses sur 29 encourageaient les acteurs à poursuivre.
Les élèves apprenaient que la limite acceptable par la loi est de 0,5g d’alcool par litre de sang, « c’est à dire 2 verres de vin, qui vont malgré tout provoquer deux fois plus de risque d’avoir un accident et que vous allez mettre ensuite 5 heures à éliminer », expliquait l’officier de gendarmerie.
L’infirmière glissait qu’un Centre d’addiction est ouvert à Jacaranda (Mamoudzou), « pour l’alcoolisme, la drogue, mais aussi la dépendance aux jeux vidéo ».
Le manque de vigilance en cause
La prévention c’est aussi l’affaire d’une toute jeune association nommée Rasawa (Soyons égaux) qui intervenait aussi parmi les scolaire ce mardi matin. Son président Manuel Fransquin est cogérant de l’autoécole Permis Moov. Il a décidé, en compagnie de sa femme infirmière libérale, de démocratiser l’utilisation de la route : « nous allons par exemple louer des voitures et des deux roues à 6 euros par jour pour un jeune qui devrait se rendre à un entretien d’embauche ou pour un public défavorisé ».
En cours de création, la structure va proposer des formations, « une auto-école sociale pour les personnes inscrites au Pôle emploi », ou de la mécanique sociale, « avec la création d’un atelier où un mécanicien expliquera l’entretien de base des véhicules comme la vidange ou les petites réparations ». Le couple prévoit aussi de faire de la prévention, c’est dans ce cadre qu’ils intervenaient au lycée, « parce que la catégorie d’âge la plus ‘accidentogène’ est 18-24 ans ».
Vitesse et gestes de sécurité étaient des thèmes abordés avec une vidéo de crash test qui ne peut qu’inciter à boucler sa ceinture et celle des enfants. Les jeunes découvraient que les portions les plus à risque « sont celles où la visibilité est bonne et par beau temps car on est moins vigilant », et que « notre cerveau n’est pas adapté à la conduite. Nous sommes des animaux qui devons en permanence nous concentrer pour emmagasiner de multiples informations ».
Associations ou autorités présentes appelaient à la prudence sur la route « et à la conduite citoyenne ».
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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