Les problèmes de la propreté de Mayotte et du traitement des déchets se sont imposés dans les préoccupations comme l’a montré le baromètre des déchets. De nombreuses actions sont engagées pour les mois à venir : revue de détail.
Nous évoquions la semaine dernière les résultats du baromètre des déchets établi par le cabinet conseil Insidens. Ce lundi matin, Anne-Constance Onghéna, la responsable du cabinet, dévoilait d’autres données et esquissait les changements qui devraient être perceptibles dans les mois qui viennent sur la question de la propreté à Mayotte.
1. Optimiser la collecte des déchets.
A la question, «nos déchets sont-ils ramassés quand il le faut ?» nous sommes 72% répondre par la négative. Nous sommes même 86% à penser que les moyens mis en place ne sont pas optimisés. Le 1er chantier de l’année sera donc naturellement de rendre plus efficace la collecte des déchets, assurée par le SIDEVAM, le syndicat intercommunal. Pas question pour autant d’espérer disposer de jours précis de ramassages.
«On ne peut pas encore à Mayotte mettre en place une collecte avec un calendrier précis et des jours de passages établis, explique Anne-Constance Onghena. On a de gros problèmes de maintenance des camions bennes. C’est un vrai casse-tête de faire venir par exemple les pièces détachées à Mayotte en cas de panne. Tant que cette question n’est pas résolue, pas question de prendre des engagements qui donneraient l’impression que le service public n’est pas performant.»
Quant aux bennes, il n’y en a tout simplement plus de disponibles actuellement à Mayotte. Elles sont toutes utilisées à part, évidement, celles qui sont toujours bloquées au port de Longoni pour cause de défaillance du fournisseur.
«Le but à Mayotte est de réduire les volumes de collecte donc l’idée n’est pas d’individualiser les bennes mais de créer des points de regroupement. On identifie des zones précises, liées aux usages, qui deviennent les endroits où on apporte ses déchets.»
2. Les déchets verts, objectif de l’année.
Le SIDEVAM va mettre en place la collecte des déchets verts, traditionnellement jetés dans la nature. Au moins un caisson sera déposé dans chacune des communes de Mayotte pendant la saison des pluies, avec comme volonté de faire disparaître les tas de feuilles et de branchages divers qui attirent ceux qui sont tentés de jeter d’autres types de déchets. Ils seront ensuite acheminés vers l’ISDND de Dzoumogné pour être valorisés.
Conséquence, la mise en place d’une collecte des encombrants et des D3E (déchets d’équipements électriques et électroniques) devra attendre, chaque chose en son temps. «Les encombrants, c’est le 3e flux, après les déchets domestiques et les déchets verts, explique Anne-Constance Onghéna. La procédure de collecte de ces encombrants est écrite mais elle ne sera pas mis en œuvre tout de suite. Il faut d’abord réussir avec les déchets verts pour, à nouveau, ne surtout pas prendre d’engagements qui ne pourraient pas être tenus.»
3. Les communes à la manœuvre.
Le cabinet Insidens considère que le SIDEVAM pourrait ramasser 80% de nos déchets, rassemblés dans des sacs. Pour ce que les 20% restants seraient sous la responsabilité des communes et pour cause : ils sont tout simplement jetés n’importe où. Le baromètre des déchets a interrogé ceux qui jettent dans la nature pour savoir ce qu’ils jettent : en tête, on trouve les restes de repas et les épluchures, suivi des appareils électroménagers puis des pots de yaourt, des canettes et des boites de conserve.
Le ramassage de ces déchets des bords de route est donc à la charge des communes et la plupart s’investissent à présent activement sur la question. Là encore, le SIDEVAM intervient pour enlever les «stocks historiques» de déchets, ces décharges sauvages qui se sont installés dans le temps. «Partout où le SIDEVAM est intervenu, la saleté n’est pas revenue, comme par exemple au carrefour Bamana de Sada. Si vous organisez la propreté, ça reste», se réjouit Anne-Constance Onghéna. Pour Insidens, les communes peuvent ensuite maintenir facilement cet état de propreté. «Par village, on estime qu’il y a 10 endroits qui sont vraiment sales. Même avec des moyens limités, on peut réussir à les éradiquer», précise Anne-Constance Onghéna.
4. Bon démarrage et bonne image du tri sélectif.
Enfin, l’autre bonne nouvelle est la banalisation du tri sélectif dont les chiffres de collecte sont en avance sur les objectifs (nous y reviendrons). Corépile va s’installer à Mayotte, cyclamed (recyclage des médicaments) poursuit ses études et Bandraboua vient de signer la convention pour installer les bornes trio de plastique-verre-métal. C’était la dernière commune de Mayotte à ne pas avoir rejoint le dispositif éco-emballage. «Les éco-organismes qui viennent s’installer à Mayotte, c’est vraiment une bonne nouvelle parce qu’ils arrivent avec leurs moyens, parfois importants. C’est une réponse supplémentaire qui ne coûte pas un centime aux collectivités», conclut Anne-Constance Onghéna.
RR
Le Journal de Mayotte
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