La Société Immobilière de Mayotte traverse une passe difficile depuis le mois de mai. Le directeur avoue avoir commis des erreurs, mais elles sont partagées selon l’Agence Française de Développement qui entrevoit une éclaircie.
Mahamoud Azihary mobilise ses dernières forces pour essayer de redresser la situation d’une Société Immobilière de Mayotte (SIM) qui, à court de trésorerie, menace de sombrer. Avec des échéances à honorer à la fin du mois d’octobre, le directeur nous avait indiqué hier, « il n’y a plus qu’à prier ».
Il a donc réuni ce jeudi matin les entrepreneurs en difficultés face aux factures non réglées, comme il l’avait d’ailleurs fait en juillet.
Et la salle était comble au siège de la SIM, face à un Mahamoud Azihary qui se livrait à une autocritique en matière de gestion. Il ne se cache en effet pas d’avoir lancé des chantiers sans en avoir bouclé le financement, « on attendait qu’un décret confirmant les défiscalisation soit publié par le gouvernement ».
Mais pour Patrick Salles, directeur de l’AFD, « les fautes sont collectives ». Face au difficulté d’une SIM qui a du puiser dans sa trésorerie pour commencer à financer ses chantiers, l’AFD et la Caisse des Dépôts et Consignations qui avaient prêté 28 millions et 11 millions d’euros ont commencé à demander des garanties, « et notamment l’obtention d’agréments fiscaux ».
Des coups bas
Par trois fois, ces agréments sont refusés à la SIM. Jacques Witkowski, alors préfet de Mayotte, nous avait indiqué à la veille de la visite du président Hollande, que le décret de défiscalisation susceptible de décoincer le dossier allait sortir. S’il ne s’agit plus d’un décret, rien n’est encore publié, et plusieurs acteurs n’hésitent pas à pointer du doigt un cabinet de défiscalisation, « il veut se faire une place à Mayotte où le marché est déjà très concurrentiel ».
Mahamoud Azihary demande au moins à ses partenaires et membres du Conseil d’administration d’assouplir les conditions. Ce que l’AFD consent à faire en débloquant 15 millions d’euros après un audit diligenté en août, qui n’indique pas de fautes graves de gestion, « mais un besoin en trésorerie de 20 millions d’euros », indique Patrick Salles.
Charge à la SIM de mobiliser la différence. Mahamoud Azihary apporte des preuves d’offres de banques qui couvrent les 5 millions d’euros restants, « mais il s’agissait d’opérations que nous financions déjà », indique Patrick Salles.
Mahamoud Azihary, lui, ne sait plus à quelle porte frapper, et parle d’une centaine d’entreprises qui se trouveraient en difficulté.
Selon le directeur de l’AFD, chacun s’agite dans son coin pour trouver une solution, « je suis optimiste, cela pourrait se dénouer dans les jours à venir », indique-t-il.
Ce serait une preuve que les prières ont été entendues…
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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