La Délégation au droit des femmes de la préfecture et le vice-rectorat ont profité de la Journée des droits des enfants pour proposer des conférences débat sur l’égalité filles-garçons à l’école. Des pépites en sont sorties !
Avec les invités présents à la matinale d’information sur les métiers soumis à stéréotype et sur le sport, on était loin du débat de la fameuse « théorie du genre » qui fait polémique en métropole, mais plutôt au plus prés des préoccupations des élèves, de la primaire au lycée, présents au cinéma Alpa Joe : des gendarmes conjuguées au féminin, un homme sage-femme, une femme chef d’entreprise, un assistant social tout avait été fait pour interpeller et lever les idées reçues.
C’est Hervé Curat, représentant régional de l’Union Nationale du Sport Scolaire (UNSS), qui ouvrait le bal avec une statistique : « 40% des sportifs seulement sont des filles chez nous, c’est pire ailleurs!»
Pourquoi ? La question était justement posée aux jeunes présents : « pendant qu’on rentre à la maison pour aider nos mères, les garçons tapent dans le ballon », avançait l’une, « ils ont davantage besoin de se défouler, nous sommes plus calmes », indiquait l’autre, « nous avons peur d’être ridicules face aux garçons, notamment au foot », tranchait cette jeune collégienne. Une crainte qui se retrouve souvent dans la vie professionnelle.
En ce qui concerne son secteur qu’est le sport, le président de l’UNSS rappelait que les pratiques sportives, ne s’étaient réellement ouvertes aux filles que depuis les années 70 en France, et ne proposaient qu’un panel réduit, « gym, danse ou équitation pour les filles », et surtout, étaient peu ou mal médiatisées, « le rugby féminin a vraiment trouvé son public avec la coupe du monde de rugby ».
« Le militaire n’a pas de sexe »
Le monde professionnel est un peu à cette image, et c’est bien ce qu’ont voulu casser les organisateurs en proposant à des femmes gendarmes de parler de leur parcours, « on entre sur concours, donc uniquement sur nos compétences », de leurs difficultés aussi sur lesquelles Elisabeth s’exprimait volontiers, « il n’y a encore 40 ans, il n’y avait que des gendarmes-hommes et nous avons du faire face à beaucoup de machisme au départ, mais maintenant nous avons un slogan ‘nous sommes militaires, et le militaire n’a pas de sexe ! », provoquant l’hilarité dans la salle, mais le message était passé.
Pour sa consoeur mahoraise, les défis étaient encore supérieurs, « tu es sûre qu’en tant que femme tu as le droit de travailler ? », lui avait lancé sa maman, avant qu’elle ne fasse elle-même ses recherches sur internet et intègre la gendarmerie.
C’est exactement la même défiance à laquelle Omar a du faire face. Même en pire : « en 3ème année de sage-femme, mes parents ne savaient toujours pas quelles études je suivais. C’est une belle sœur qui a lâché le morceau. Ma mère l’a mal pris, son fils sage-femme ! Mais maintenant ça va». Ses difficultés sont davantage liées à la culture, « certaines femmes refusent quand elles envisage que moi, un homme, puisse les aider à accoucher», mais s’étonne « et pourtant les gynécologues sont presque tous des hommes ».
La guerre des sexes n’aura pas lieu
Même combat pour Sylvain, qui a abandonné sa carrière après son bac pro d’électricien avec mention pour partir en école d’assistant social, « sur 77, nous étions 3 garçons ».
Chafion Madi, animateur sur Mayotte 1ère radio, se souvenait de sa petite enfance, et des épilation de riz et écaillage de poisson « tout ça avant d’aller à l’école le matin. Il n’y a pas de tâche dévolues aux filles plus qu’aux garçons ».
Et les tâches ardues, Farah Fafidhou connaît : elle travaille dès 16 ans pour financer ses études en DEUG de maths appliquées à Paris, suit des études de gestion. Si elle est souvent invitée dans les forums, c’est qu’elle est l’exemple d’une réussite individuelle, « j’ai toujours voulu être indépendante, sans patron », et familiale, « c’est ma sœur Nadine, ingénieur en bâtiment, qui a incité à créer notre entreprise et le cabinet d’étude ».
Une valeur ajoutée l’un pour l’autre
Le liant, c’est une intervenante dans la salle qui le fera : « la femme a souvent peur de se faire écraser par l’homme, et l’homme de se faire dépasser par la femme. Pourtant, nous sommes une valeur ajoutée l’un pour l’autre ».
A l’issue de la journée une Convention a été signée entre le vice-rectorat et la Préfecture pour garantir une égalité fille-garçon à l’école. « Il en découlera des actions de formation du personnel enseignant et une sensibilisation des élèves », indique Moinaecha Noera Mohamed, déléguée au droit de la femme à la préfecture de Mayotte.
Un garçon lâchait, « les filles sont plus fragiles, c’est vrai, mais faut pas exagérer ! »
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Maytotte
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