Entre délégations de pouvoir et compétence, les maires ultramarins doivent naviguer à vue. Un nouveau modèle est sans doute à inventer.
Le président de l’Association des maires de France (AMF), Jacques Pélissard, a affirmé lundi que le “jacobinisme”, qui préside aux réformes comme celle emblématique des rythmes scolaires, n’était “plus d’actualité” dans les outre-mer.
M. Pélissard accueillait dans les locaux de l’AMF la première journée du 97e Congrès traditionnellement consacrée aux maires des départements et collectivités d’outre-mer, qui ont fait part des multiples difficultés voire de leur incapacité à appliquer des réformes pensées très loin de leurs réalités.
Ainsi sur les rythmes scolaires, le président de l’association des maires de Guyane, David Riché, a raconté le quotidien d’enfants guyanais “qui se lèvent à 4H du matin pour prendre la pirogue et aller à l’école”. “Je ne pense pas qu’une journée pleine le mercredi soit favorable à leur métabolisme”, a ajouté M. Riché, maire de Roura, commune de 3.000 habitants sur une superficie “80 fois celle de Bordeaux”.
Derrière les cocotiers, la réalité
Le même problème de circulation depuis le sud d’une l’île qui ne bénéficie pas encore de transports en commun, avait été avancé à Mayotte pour évoquer la difficulté de mise en place des rythmes scolaires. Et c’est Saïd Omar Oili, président de l’association des maires de Mayotte qui évoquera devant ses pairs une autre spécificité, celle des rotations : « Il faut que l’Etat se rende compte que derrière les plages et les cocotiers, il y a des hommes et des femmes qui vivent dans des conditions difficiles”, a-t-il plaidé.
“C’est un jacobinisme qui n’est plus d’actualité. Il faut laisser une possibilité d’adaptation”, a soutenu le président de l’AMF, pour qui il revient “aux élus de porter des solutions” adaptées à leur territoire.
Encore faut-il avoir ce genre d’élus sous la main, alors que beaucoup sont encore mouillés dans les emplois de complaisance, voire la corruption à Mayotte. Le Jacobinisme qui plaide en faveur d’une démocratie centralisée, a été combattu parce que trop éloigné des logiques de terrain.
A l’inverse, les décentralisation imposée en Outre-mer et non suivie de formations imposées, ont éloignées les compétences. La moindre généralisation de loi comme celle des rythmes scolaires pose alors un problème de décalage que les maires ne peuvent pas gérer, faute de modèle qu’il faut alors inventer…
L’idée d’une “motion spécifique” de l’AMF sur les outre-mer pour promouvoir une “approche différenciée” a été portée lors des débats. Elle devait être remise ce mardi à la ministre George Pau-Langevin” qui recevra les élus au ministère des Outre-mer.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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