L’INSEE dévoile le résultat de l’enquête sur le budget des familles à Mayotte. L’écart entre les plus riches et les plus pauvres est toujours élevé sur fond de très forte augmentation de la consommation et de changement de nos dépenses.
On n’a jamais autant dépensé à Mayotte. La consommation a augmenté de 50% en 6 ans soit un rythme très élevé de plus de 7% de hausse par an. La transition de Mayotte vers une société de consommation de masse est réelle, même si le phénomène est loin d’être achevé.
Dans le détail, de quoi est fait notre budget ? En premier lieu, nous remplissons nos estomacs. L’alimentation reste encore le poste de dépense le plus important. «C’est une des surprises de l’étude : la part de l’alimentaire ne diminue pas», note Jamel Mekkaoui, le responsable de l’INSEE Mayotte. L’explication est simple, nous consommons de plus grandes quantités et surtout une plus grande diversité de produits. Les prix de l’alimentaire ont également beaucoup augmenté en 6 ans, une situation que nous pouvons tous constater en faisant nos courses.
Trois produits continuent de se tailler la part du lion : riz, bœuf et volaille représentent 38% de nos dépenses. Mais nos habitudes alimentaires changent de façon assez spectaculaires: les dépenses de pain et de viennoiseries ont doublé depuis 2005 (80€/an) et les boissons gazeuses ont augmenté de 45% (100€/an)… l’explosion du diabète constatée dans les enquêtes de santé vient de trouver une cause chiffrée dans notre mode de vie.
26% des familles ont une voiture
Les dépenses pour le logement et le transport baissent un peu (15% de notre budget pour chacune d’elles) mais là encore la situation devrait changer dans les années à venir. «A peine 26% des ménages de Mayotte possèdent une automobile. C’est beaucoup moins qu’à La Réunion où 70% des foyers ont une voiture et 81% en métropole», relève Jamel Mekkaoui. Nous ne sommes donc qu’au début de l’enfer des bouchons.
Autre particularité de nos dépenses, la part de l’habillement. 10,8% de notre budget est consacré aux vêtements et aux chaussures, c’est 6 points de plus qu’en métropole ou dans les autres DOM. «C’est le seul poste où on dépense plus qu’ailleurs. L’explication se trouve dans le renouvellement des tenues féminines. A Mayotte, les familles dépensent 54 euros par mois pour les vêtements féminins.»
Davantage de téléphones et de dîners au resto
En matière de communication, notre budget a été multiplié par 4 en six ans avec toujours plus de téléphones, fixes et surtout portables (86% des Mahorais ont un mobile), et d’internet.
Enfin, autre changement dans notre mode de vie, nous allons de plus en plus au restaurant et dans les cafés où nous dépensons, en moyenne, 59 euros par mois (5,1% de notre budget).
Deux derniers enseignements sont à retenir de cette étude. Tout d’abord l’importance des fruits et des légumes produits à la campagne et autoconsommés par les plus défavorisés. 31% des familles mahoraises consomment leur propre production… Là encore, on dispose d’un chiffre pour expliquer le recul rapide des zones boisées dans notre département remplacées par des cultures de bananiers ou de manioc.
Les «riches» consomment 7 fois plus que les «pauvres»
Au final, Mayotte consomme encore 4 fois moins que la métropole avec des dépenses médianes par unité de consommation de 384 euros par mois. On savait que les inégalités de revenus restent très importantes au sein de la population. L’écart entre les 10% les plus pauvres et les 10% les plus riches est de 14. Contre seulement 3,7 en métropole. Conséquence sur nos achats : les plus aisés consomment 7 fois plus que les plus modestes.
Le rattrapage est donc assez rapide par rapport aux modes de consommation des autres Dom et de la métropole même si «Mayotte reste pauvre parmi les riches et riche parmi les pauvres», conclut Jamel Mekkaoui.
RR
Le Journal de Mayotte
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