Rien ne vaut un article sur la sécheresse pour faire venir la pluie ! En ce mois de décembre, nous avons tous constaté qu’il ne pleut quasiment pas sur notre département. Voici les chiffres de Météo France au moment où des agriculteurs alertent les autorités.
Mayotte n’a reçu que 13% de ses précipitations normales depuis le début décembre. Ce bilan des 17 premiers jours du mois a été établi par Météo France pour le JDM. La palme de la sécheresse revient à Poroani qui n’a reçu que 0,1% de ses quantités d’eau habituelles. Le village n’a collecté que 0,2 mm, autant dire une toute petite averse contre 115,9 mm pour les normales. La situation est à peine meilleure à Dembéni (3,6mm en 2014 contre 129,4 pour les normales) ou à Vahibé (6,8 mm cette année contre 180,8 mm pour les normales).
Sur les douze postes météo, deux se distinguent tout de même, Mtsamboro et Mzouazia, où les précipitations sont un peu plus importantes mais elles ne sont le résultat que d’une seule averse dans chaque village. Elles se sont produites le 10 décembre à Mtsamboro (28.8 mm) et le 12 à Mzouzia (27.6 mm). Ce qui signifie que même si ces deux villages ont reçu près d’un quart de leurs pluies habituelles, les sols n’en n’ont que très peu profité.
La saison la plus sèche à Mtsamboro
Logiquement, si on regarde en arrière, un retour sur les trois derniers mois laisse apparaître des chiffres inquiétants. Du 1er octobre jusqu’au 17 décembre, le déficit en pluie se situe autour des 50% sur l’ensemble de Mayotte avec de fortes disparités : 80% de manque à Poroani mais seulement 15% à Mamoudzou. «Là encore, il faut prendre ces chiffres avec une certaine mesure. On est sur des averses comme lors du 13 novembre dernier où Mamoudzou avait connu certaines inondations» prévient Hervé Gasc, responsable de l’antenne mahoraise de Météo France.
Nous ne sommes donc pas dans des phénomènes installés mais des événements ponctuels qui posent plus de problèmes qu’ils n’en résolvent.
Pour le JDM, Météo France a également réalisé le graphique historique de la pluviométrie à Mtsamboro. L’année 2014 y ressort comme la plus sèche depuis la création de la station, effaçant le précédent record de sécheresse de 1996.
«La météo fonctionne sur des normales mais pour les établir, il faut bien des écarts», relativise Hervé Gasc qui souligne tout de même une tendance : la saison des pluies démarre relativement tardivement ces dernières années. «On est encore dans la période intermédiaire et la saison des pluies est censée commencer à la mi-décembre… mais on ne voit encore rien arriver.»
L’inquiétude dans les campagnes
Face à cette situation des agriculteurs ont décidé de se mobiliser. Le tout jeune Mouvement des exploitations agricoles familiales (MODEF) de Mayotte a alerté la préfecture et le conseil général. «Dans le code rural, il existe un dispositif pour l’Outre-mer qui doit être mis en route quand il y calamité agricole», indique Hamidou du MODEF. «Et nous sommes au bord de la calamité. Cette sécheresse devient très préoccupante pour nous du nord au sud. Cette année, il n’y a pas de mangues, en tout cas beaucoup moins que d’habitude, les litchis n’en parlons pas, le manioc a été planté mais les racines ne peuvent pas se développer… toutes les productions sont en panne et on est très inquiets.»
Cette saison chaude et pour l’heure actuelle sèche fait suite à plusieurs saisons déjà déficitaires en eau. Météo France qualifiait même l’hiver austral 2014 de «saison la plus sèche depuis 1957 à Pamandzi».
RR
Le Journal de Mayotte
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