Le 22 décembre 1974, le Territoire d’Outre-mer français des Comores votait pour choisir son destin. Une «consultation» qui va changer l’Histoire de notre région.
«Souhaitez-vous que le territoire des Comores devienne indépendant?» Telle était la question posée le 22 décembre 1974 aux électeurs de l’archipel des Comores.
De cette «consultation» découle toute l’Histoire de notre région et 40 ans après, jour pour jour, le sujet peut encore rester sensible.
Ce vote du 22 décembre 1974 est alors encadré par une loi (du 24 novembre 1974) et un décret. Le terme «consultation» est préféré à celui de «référendum» car l’ensemble de la nation française n’est pas appelée à se prononcer comme ce fut le cas pour l’Algérie. La métropole ne participe pas, le scrutin n’est que local et les résultats seront proclamés par une commission électorale créée spécialement. Traditionnellement, pour un referendum, c’est le conseil constitutionnel qui officialise les résultats du scrutin.
Autre ambiguïté de l’organisation de ce scrutin : il n’est à aucun moment précisé si les résultats doivent être interprétés île par île ou à l’échelle de l’archipel.
Indépendance ou maintien dans la République
Durant la campagne, un seul parti appelle à refuser l’indépendance. Le «Mouvement populaire mahorais» est alors appuyé par le «collectif des femmes pour la vie publique», des femmes rapidement surnommées les «chatouilleuses» qui participent activement à la campagne avec comme volonté politique de «réduire l’influence des autres îles de l’archipel des Comores sur Mayotte».
Le résultat pour l’indépendance est de 99 ,98% en Grande Comore, de 99,92% à Mohéli et 99,93% Anjouan. En revanche, Mayotte vote à 63,62% pour le maintien dans la République française.
A l’échelle de l’archipel, le vote pour l’indépendance est de 94,57%.
Le débat et l’oubli
La France ne va pas interpréter le scrutin en tenant compte des résultats globaux mais île par île, actant, de fait, la séparation de Mayotte des trois autres îles.
Pour protester, la Chambre des députés de Moroni proclame unilatéralement l’indépendance de l’archipel le 6 juillet 1975, une initiative qui provoque à son tour la sécession mahoraise.
Lors d’un nouveau scrutin le 8 février 1976, les Mahorais se prononcent à 99,4 % contre l’indépendance.
Depuis cette date, certains débattent avec d’un côté l’argument de «l’intangibilité des frontières coloniales» et de l’autre, le «droit des peuples à une libre détermination de leur statut politique».
Et pour tout dire, 40 ans après, à Mayotte, cette date est quasiment tombée dans l’oubli.
Le Journal de Mayotte
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