Mayotte enregistre deux records en matière de redoublement : le score le plus bas en collège, mais le taux le plus fort en lycée. Le primaire est pointé du doigt par le vice-rectorat, mais aussi le manque d’ambition de nos lycéens.
Un rapport de la Dgesco dévoilé par l’AEF révèle dans quelles académies le taux de redoublement dans le second degré est le plus élevé en France en 2014-2015.
Et Mayotte y joue les extrêmes. Au collège, c’est en Guyane (3,1 %), Martinique (2,8 %), à Aix-Marseille, Nice, Limoges, Lyon et Paris (2,4 %) que l’on redouble le plus. En revanche, c’est à Mayotte (0,8 %), Amiens (1,4 %) et la Réunion (1,5 %) que le taux de redoublants est le plus faible.
Au lycée en revanche, les académies où le taux de redoublement est le plus élevé sont Mayotte (11,4 %), mais également la Guyane (7 %) a contrario de la Guadeloupe (4,1 %) ou de la Corse (4,4%) où les redoublants sont les moins nombreux.
Est-ce à dire que nos profs de collèges sont plus performants ?!… Ou bien des classes surchargées d’élèves en retard qui incitent les établissements à ne pas les garder, comme l’insinuent les syndicats du second degré ?
Un paradoxe facilement explicable pour le vice rectorat. « Je voudrais tout d’abord préciser qu’il n’y a pas de corrélation entre le taux de redoublement et les capacités d’accueil dans nos établissements puisqu’en lycée nous n’avons pas plus de place qu’en collège », indique Thierry Claverie, directeur académique adjoint au vice-rectorat de Mayotte.
« Une grosse marge de progression »
Comme souvent à Mayotte, les problèmes viennent du primaire : « beaucoup d’élèves y redoublent, arrivant déjà avec un voire deux ans de retard en collège. Là, des dispositifs sont mis en place pour les orienter, à l’aide des enseignants ressources pour combler les lacunes, mais aussi par les filières SEGPA ou CAP qui leur sont plus appropriées ». Des élèves mieux pris en charge donc, qui se retrouveraient moins en échec.
Au lycée tout bascule, par une particularité déjà combattue par le précédent vice-recteur : « les bons élèves veulent en majorité aller au lycée professionnel par manque d’ambition. Les élèves en difficulté se retrouvent alors en filière générale par manque de place ».
Le directeur académique le dit haut et fort, « nous savons que le redoublement ne sert à rien », et avoue avoir « une grosse marge de progression dans ce domaine. Nous devons travailler sur le parcours d’orientation des élèves au collège ».
Un effort accru se fait en primaire, « avec la formation des enseignants et la mise en place d’un concours de professeurs des écoles, mais aussi le travail sur la maitrise de la langue française en s’appuyant sur la langue parlée à la maison ».
Des progrès sur les compétences de base qui pourront se traduire par un autre effet, « nous aurons moins de redoublements en primaire, mais sans doute davantage en collège ! ».
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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