Les critiques contre la loi Lurel censée proposer une solution à la cherté de la vie ultramarine ont mûri Elles traduisent surtout une trop grande complexité de la loi.
C’était une des solutions du ministre des Outremers pour mettre fin aux revendications contre la vie chère à Mayotte : établir un panel de produits dont les prix réglementés protégeraient un chariot type contre toute inflation. 76 produits avaient ainsi été retenus, contre une centaine proposée par l’Intersyndicale qui avait mené les manifestations de la fin de l’année 2011. La baisse des prix a été moindre qu’espérée, « 10% au lieu des 30% avancés par la loi Lurel » avaient-ils alors critiqué.
La désillusion avait donc pris le pas sur le consensus, et un an après, les lignes ont évolué : «Les consommateurs sont déçus. C’est impossible de légiférer dans ce domaine» avance Kamiloudine Djanffar, de l’Indecosa (association de consommateurs de la CGT Ma), «la cherté de la vie est un problème mondial». Il concède, «avec l’expérience», qu’une longue liste de produits apporte trop de complexité : «impossible à vérifier !» renchérit Tamime Madi, de l’AFOC (Association de consommateur de l’UD FO) qui déplore que «les commerçants ne jouent pas le jeu».
Un jeu qui donnait la possibilité aux associations de consommateurs de saisir l’Autorité de la Concurrence, via les conseillers généraux, en cas de pratique anticoncurrentielles avérées : «difficile à constater !» s’exclament les représentants des consommateurs mahorais.
Commencer par le « b-a ba »
La loi Lurel prévoit de sanctionner d’éventuelles rentes de monopole dans la grande distribution. Sans aller jusque là, la DGCCRF (Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la répression des fraudes) n’a cependant pas chômé : «des procédures sont engagées sur deux des trois distributeurs de la place» indique Monique Grimaldi, directrice de la DIECCTE*. Les produits inscrits dans la liste étaient dans ce cas, placés à l’écart des rayonnages, peu visibles.
Les parties signataires ont un rendez-vous annuel pour redéfinir «des prix plafonds». La proposition de l’Indecosa est de faire machine arrière : «établir une liste de 5 à 10 produits, dont on est certain qu’ils se retrouvent dans nos caddies». Ce qui permettrait outre la simplification de la vérification, d’en comprendre les rouages de fixation : «des cabinets avaient travaillé sur la construction du prix d’un produit, mais rien n’était clair».
Proposer un travail simple sur une courte liste de produits de grande consommation permettrait de faire un premier pas vers la compréhension de mécanismes complexes pour le profane, qui appelle aussi du côté des associations de consommateurs, une formation aux techniques de formation des marges.
Anne Perzo-Lafond
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