Le rassemblement était fixé rond-point El-Farouk hier matin. Une cinquantaine de sages-femmes avait déployé leur banderole et faisait signer une lettre destinée à Marisol Touraine, la ministre de la santé. Les sages-femmes de Mayotte rejoignaient ainsi le mouvement national de grève illimitée de la profession qui a débuté par un sit-in devant le ministère, à Paris, le 16 octobre dernier.
Les revendications.
Les sages-femmes demandent à être reconnues comme praticiens de premier recours. Sur le même principe que les médecins généralistes, les sages-femmes seraient d’abord consultées par les patientes avant de se rendre chez un spécialiste pour des questions liées à la grossesse et l’accouchement mais aussi sur le suivi gynécologique ou la contraception.
Pour Laura, sage-femme à Mayotte depuis deux ans, l’argument a été fourni par la cour des comptes : «Elle a rendu un rapport au début de l’année qui explique que ce système permettrait de réaliser des économies sans perdre en qualité des soins.»
«Nous sommes la seule profession médicale à être considérée comme paramédicale» explique Anne-Colette qui exerce à Mayotte depuis sept ans. Les sages-femmes réclament donc l’intégration de leur profession au sein des praticiens hospitaliers (PH). Ce changement de statut leur permettrait de bénéficier d’avantages financiers et fournirait à leur profession plus d’autonomie et un accès à de nouvelles responsabilités : «Actuellement, nous ne pouvons pas devenir chef de service ou chef d’une maison de naissance, explique Olivier Colignon, le représentant CFDT de la profession à Mayotte. De la même façon, lorsqu’on enseigne, on ne peut le faire qu’avec un statut dérogatoire. »
Les sages-femmes libérales, également présentes dans le mouvement souhaitent, elles, bénéficier d’un contrat incitatif qui leur permettrait de toucher des aides à l’installation.
La perturbation dans les services.
Si la grève est illimitée, il existe un service minimum obligatoire pour garantir le fonctionnement du système médical. Les consultations seront légèrement perturbées durant le conflit, mais les accouchements et les suites de couches seront bien évidemment assurés. «Quand on fait ce métier, on l’aime passionnément, raconte Anne-Colette. Il n’est pas envisageable que les patients subissent les conséquences de notre grève. Ils ne vont quasiment pas la ressentir.»
Et maintenant.
Après leur manifestation d’hier matin, les sages-femmes ont été reçues à l’ARS (Agence régionale de Santé) pour faire remonter leur message à Paris.
Une nouvelle manifestation est prévue sur le plan national et à Mayotte le 7 novembre prochain. «Comme le fonctionnement des services est très peu perturbé, nous avons du mal à nous faire entendre, explique Olivier Colignon. Mais nous sommes prêts à entrer dans un conflit de longue durée. »
Certains syndicats sont montés au créneau comme la CFE CGC Mayotte de Soulaimana Noussoura. Il vient en appui du mouvement et réclame la création d’un «cycle complet de formation de périnatalité (mère-enfant) à Mayotte».
Les sages-femmes sont 130 à exercer à Mayotte et 10% de ces professionnels sont des hommes, un pourcentage sensiblement plus important qu’en métropole. «Toutes les femmes enceintes de France rencontrent forcément une sage-femme, même si elle n’est présente qu’en ‘seconde-main’ dans les accouchements difficiles.» Et Mayotte reste encore la première maternité de France.
RR
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