Les revendications qui sont au menu de la grève demain sont essentiellement motivées par des promesses non tenues par le gouvernement actuel. Écarts de prix et taux d’indexation, reconstitution des carrières… Rivo tire aussi le bilan de ses rencontres avec le ministère de l’Education nationale, et le préfet de Mayotte.
Sur son agenda, Rivomalala Rakotondravelo, le secrétaire départemental du syndicat du premier degré SNUipp-FSU, avait bien coché l’année 2015 comme celle de la renégociation d’un taux d’indexation des salaires qui ne l’a jamais satisfait.
Cette surrémunération de 40% des indemnités des fonctionnaires dans les autres DOM, est de 53% à La Réunion, « or les prix mahorais sont bien supérieurs », a-t-il toujours souligné. Le gouvernement avait alors promis une étude comparative des prix comme base de fixation de l’indexation, en proposant une « clause revoyure » en 2015.
L’impression d’avoir été grugé incite donc Rivo à manifester ce mardi, “exigeons le respect des engagements de ce gouvernement”, tout en rapportant une information de la préfecture précisant que de nouveau, les ministères de la Fonction publique et de l’Outre-mer ont échangé sur le sujet.
Autre revendication, la prise en compte de l’ancienneté de service des agents lorsqu’ils étaient salariés du conseil général, avant d’être intégrés, ce qui avait incité Bruno Collignon, rapporteur du Conseil de la fonction publique territoriale à inscrire ces fonctionnaires mahorais sur la liste des « Oubliés de la République » lors d’une assemblée le 2 juillet dernier.
Rendez-vous au vice-rectorat
Enfin, l’alignement du montant des allocations familiales de Mayotte sur celui de la métropole, point intégré au document-cadre Mayotte 2025 en cours de rédaction, et l’amélioration des conditions de travail et d’enseignement bouclent les demandes.
Une manifestation préparée dès dimanche par des réunions sur cinq points de l’île, nord, centre, sud, Petite-Terre et Mamoudzou, mais qui n’ont eu que peu de succès, « les gens sont impliqués dans les meetings électoraux », explique Rivo qui donne rendez-vous au vice-rectorat à 8 heures.
Il est un point qui n’est pas à l’ordre du jour mais qui a alimenté les rendez-vous dans la rue du début de l’année scolaire : l’application des rythmes scolaires et les constructions de classes qui sont liées. C’est que sur ce sujet, Rivo a été reçu en préfecture mercredi dernier, où il a pu aborder les points qui lui tenaient à cœur, après avoir été reçu le 15 janvier dernier en métropole par Bernard Lejeune, le directeur adjoint du cabinet de la ministre de l’Education nationale.
Pas de planification des constructions
A Paris, et à la suite des remontées des difficultés que pose la réforme en Outre-mer la présidente du comité ministériel de suivi des rythmes scolaires a indiqué qu’elle souhaite inviter les recteurs des DOM au prochain comité de suivi.
A Mayotte, si selon Rivo, la vice-recteur souhaite mettre en place un groupe d’appui départemental pour épauler le projet éducatif territorial inscrit dans la réforme, il rappelle que le comité de suivi académique des rythmes scolaires n’a toujours pas vu le jour, « alors que son installation par la vice-rectrice s’impose ».
Le déficit en salles de classe, frein à l’application de cette réforme, a été discuté avec le préfet. Si Seymour Morsy a rappelé ses engagements de 450 salles de classe, dont 200 à la prochaine rentrée, permettant à 3 communes de sortir du système de rotation, le syndicaliste a rappelé sa demande d’un plan de construction et de rénovation des écoles sur les cinq années à venir, « il s’agit ni plus ni moins de la préconisation des inspecteurs généraux à la suite de leur passage sur l’île il y a deux ans. Nous ne pouvons faire du coup par coup ».
Une classe compte double…
Indispensable pour lui, pour planifier la résorption du déficit de salles de classe, « et accompagner la poussée démographique de 1 800 enfants supplémentaires par an ».
Peu favorable à la construction en modulaire qu’il juge peu pérenne et non dynamisante pour les entreprises locales, il ne veut pas en rajouter et jouer le rôle de rabat-joie : « je note juste qu’elles sont annoncées pour la rentrée et que rien n’est commencé ». Il est revenu avec le préfet sur le coût des premières constructions scolaires à Labattoir, qui avoisinaient 4 000 euros le m2 là où le vice-rectorat construit habituellement dans le secondaire pour 2 000 euros/m2. « Je n’ai pas eu davantage de précisions sur ce sujet, mais le représentant de l’Etat assure regarder cela de plus près », indique-t-il.
Si Rivo conclut avec un regard critique d’une impression de « “navigation à vue” qui ne garantit aucunement une résolution définitive du problème de déficit de salles de classe, d’autant plus que rien n’est envisagé pour la scolarisation de tous les enfants, et ce, dès 2 ans ! », il se pose cette fois en observateur, prêt à compter les premières sorties de terre.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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