La compagnie aérienne «mahoraise» Ewa aborde la 2e phase de son développement avec un nouveau directeur général, la perspective de ses premiers bénéfices et de nouveaux développements.
Jean-François Devaux avait piloté le décollage d’Ewa Air en tant que directeur général délégué. Il passe la main à Michel Rispal à un moment charnière où la compagnie entre dans une période de consolidation.
Après une perte supérieure à 1 million d’euros pour son premier exercice, la compagnie basée à Mayotte s’apprête dans quelques jours à clôturer sa 2e année avec un déficit ramené à 300.000 euros, conforme aux prévisions. Mais le plus important réside dans le fait que la société a commencé à gagner de l’argent. Pour les 6 derniers mois, le bénéfice d’exploitation se monte à 200.000 euros ce qui laisse augurer une 3e année d’existence dans le vert. Le conseil d’administration prévoit en effet 200.000 euros de bénéfice pour l’année à venir (avril 2015-mars 2016), comme l’a annoncé l’ensemble des représentants du CA, lors d’une conférence de presse ce samedi matin.
Vols charters et partages de code
Et les perspectives semblent favorables. La compagnie se lance dans des vols «charters», des liaisons ponctuelles ou saisonnières comme ce fut le cas au moment de la Saint-Valentin avec la destination Zanzibar. Ewa devrait annoncer rapidement de nouveaux coups pour les mois à venir, le temps de régler les ultimes questions administratives. «C’est un marché de niche dans lequel Ewa entend pleinement se lancer», confirme Jean-François Devaux.
Ewa continue également de conforter son maillage de la région avec des accords commerciaux. Elle finalise actuellement une coopération avec Air Madagascar pour que les deux compagnies vendent leurs lignes respectives. On pourra donc prochainement voler sur Ewa jusqu’à Nosy Be, Majunga ou Diego et continuer ensuite sur un vol intérieur Air Mada.
C’est exactement le même type d’accord qui sera opérationnel avec Air Austral à partir de mai 2016, date à laquelle la compagnie réunionnaise assurera une liaison directe depuis la métropole. Les voyageurs sur un Paris-Mayotte pourront bénéficier d’une continuité sur les lignes Ewa et donc réaliser des Pemba-Mayotte-Paris ou encore des Paris-Mayotte-Moroni.
Cette nouvelle possibilité semble tellement porteuse, qu’Ewa envisage de se doter d’un deuxième avion. Il s’agirait à nouveau d’un ATR (72-500 ou 42-500) loué mais pas à Air Austral qui ne dispose plus d’avions. «Ce 2e appareil permettrait aussi de pouvoir répondre aux périodes de pointe pendant lesquelles nous sommes en manque de capacité. Actuellement, pendant les vacances scolaires, nous ne pouvons pas satisfaire toutes les demandes de notre clientèle», précise Jean-François Devaux.
Un 2e appareil permettrait également de faire face plus facilement à d’éventuels problèmes techniques.
L’enjeu du fret
Pour la compagnie aérienne, le développement du fret est également une voie de croissance importante. Mais les obstacles sont encore nombreux. D’abord, les capacités d’emport de l’ATR sont réduites et surtout, les installations aéroportuaires de Madagascar ne sont pas aux normes. L’association du Carrefour des entrepreneurs de l’océan Indien avait d’ailleurs lancé un appel pour résoudre cette question. En attendant, Ewa a tout de même transporté 7 tonnes de marchandises sur l’année écoulée et compte ouvrir un point vente de Fret à Dar Es Salam dans quelques mois.
C’est donc une petite compagnie en ordre de marche que Michel Rispal s’apprête à diriger. Cet ancien responsable des liaisons Afrique de l’Ouest et Europe d’Air France a également occupé le poste de directeur général d’Air Tahiti Nui. Né à Madagascar il y a 65 ans, il reprend du service pour guider tranquillement la jeune compagnie «mahoraise» vers sa vitesse de croisière. Jean-François Devaux, de son côté, part en direction de la Corse pour profiter, à 71 ans, d’une retraite bien méritée.
RR
Le Journal de Mayotte
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