Avec ce premier tour des départementales, l’ancien conseiller général de Dzaoudzi Labattoir voit un léger frémissement des partis politiques dans une île où la conviction est ailleurs. Un peu trop ailleurs même, avec un intérêt général trop souvent inexistant.
« Une impression mitigée »… C’est le premier commentaire lâché par Said Omar Oili, maire de Dzaoudzi Labattoir, à propos de ce premier tour des élections. D’un côté, « les anciens sont balayés en dehors des exceptions Chihabouddine et Attoumani Douchina », d’un autre, le rajeunissement ne s’accompagne pas forcément d’un mieux, « surtout d’un manque d’expérience politique ».
Le signe encourageant selon l’ancien conseiller général de Dzaoudzi Labattoir, c’est le début de structuration des partis : « les sans-étiquette ne sont pas nombreux au deuxième tour. En dehors de municipales où c’est la proximité qui joue, il sera difficile d’être élu sans appartenir à un mouvement ».
Une vision globale qui s’assombrit lorsqu’on évoque son canton. Pourtant, la liste de son parti Néma (Nouvel élan pour Mayotte, proche PS) a failli passer au premier tour et s’offre même le meilleur score de l’île avec 49,20% des voix. Si les tractations commencent à peine, il doute du retrait au second tour de la liste MDM (centre), parti de son ennemi politique Daniel Zaïdani dont les 647 voix pourraient aller vers le binôme divers gauche.
Il est un des rares hommes politiques à Mayotte à ne pas changer de parti comme de djellaba. S’il se dit serein pour le second tour, Said Omar Oili ne cache pas son dégoût : dégoût de la campagne, des méthodes utilisées qu’il critique au grand jour, « des jeunes, manifestement ivres, sont venus en meeting invitant à voter pour un candidat qui leur aurait trouvé du travail. L’un d’eux venait même de sortir de prison ! C’est normal que les jeunes nous considèrent tous comme des corrompus, on ne montre pas le bon chemin ».
Des méthodes qui sont répandues dans d’autres cantons, mais faute de preuve et/ou de dépôts de plainte, qui ne sont pas sanctionnées. Il se défend de faire aujourd’hui de la politique politicienne, l’amertume est plus profonde : « nous avons mis en place l’Intercommunalité, appliqué une politique de la ville, nous avons investi 6 millions d’euros pour refaire les routes, mais un habitant est venu me dire ‘les routes, c’est pour tout le monde. Tant que vous n’aurez rien fait pour moi, je ne voterai pas pour vous’… ».
Sans compter la bataille engagée pour la fin des rotations avec des constructions en dur qui vont dans le sens de la volonté de la population… « Rien n’est pris en compte, ça ne sert à rien ». Il sait que son candidat, ancien maire, est contesté par certains pour sa gestion, « mais nous sommes tournés vers la construction de Dzaoudzi Labattoir en partenariat pour les 10 ans à venir ».
Coup de grâce, ses élèves majeurs ce matin en classe lui ont affirmé avoir reçu 10 euros pour voter en faveur d’un candidat, pratiques là encore répandues, au moins racontées sous l’arbre à palabre, qui mériterait un traitement judiciaire pour peu qu’un candidat intègre veuille bien s’en saisir.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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