C’était la fête du Hip Hop ce samedi soir à Tsingoni, cette « danse des rues », qui allie chorégraphie et sport. Beaucoup de monde, et trois groupes élus qui participeront aux 10 ans de l’association « Hip Hop évolution ».
Tout ce que Mayotte comprend d’amateurs, de passionnés, de danseurs s’était donné rendez-vous ce samedi soir à la MJC de Tsingoni pour le show ultime : après les 11 dates de « Street dancers show village » qui ont eu lieu dans plusieurs communes, 21 groupes ont été sélectionnés et préparés pour cette finale.
Qu’ils soient par deux, six ou huit, les groupes défilaient sur la scène de la MJC aux rythmes effrénés du DJ : Freestyle, break dance, danse debout, Krump, Pop, Electro, Kizomba… Chacun son style. Un groupe de six filles arrivées en tenue traditionnelle se muait en street dancers après une mue opérée derrière un paravent de tissu, marquant l’évolution culturelle en cours à Mayotte.
Soutien de la préfecture
Le fautif ? Abdallah Haribou, danseur de Hip Hop et accessoirement étudiant en mécanique, qui avait créé non sans difficultés son association « Hip Hop évolution » en métropole, et qui a décidé de revenir à Mayotte il y a dix ans, « il n’y avait alors que deux ou trois groupes ». Il décide de structurer le secteur : « on ne nous avait rien appris. Il fallait transmettre des bases à la génération suivante. »
C’est le village de Kahani (Ouangani) qui les soutient à l’époque. Il rencontre Assane Mohamed qui devient salarié de l’association en Contrat Unique d’Insertion, puis Damien Bouffault, comme responsable associatif en Fonds jeunesse et éducation populaire.
Autant dire que la politique de la ville de la préfecture suit ça de prés et qu’elle décide de financer cette action de « Street dancers show village » qui permet de faire sortir de l’ombre des amateurs qui travaillaient de manière isolée dans leur village, et donc d’occuper cette jeunesse désœuvrée.
Mais pas seulement, car souvent, ceux qui acceptent ces règles du jeu sont des jeunes volontaires, comme ce groupe de deux étudiants, dont l’un est en licence de droit.
« Les beaux gosses », meilleurs danseurs de rue
Les trois finalistes sont « Les beaux gosses » de Kahani-Chiconi en break dance, « Rue dance Lagon » de Petite Terre en coupé décalé et les « Monster crew » de Mamoudzou en new style hip hop. « Le meilleur participera à la Battle of the year, et avec les deux autres au Festival des 10 ans de notre association du 2 au 9 mai, en première partie du Ciné-brousse », précise Damien Bouffault.
Le jury a eu un coup de cœur pour « X stars » de Mzouazia, composé d’une fille et ses trois petits frères, un travail de précision pour leur âge qui leur a valu de remporter le prix de la politique de la ville. Les quatre groupes se produiront au cours d’animations dans les villages.
Une soirée organisée au cordeau, avec un ramassage par bus de tous les groupes. Mais rien n’est jamais acquis, « ici à Mayotte, il faut faire ses preuves, être coriace, ferme. Certains voulaient inciter les jeunes à suivre une quantité de stages qui n’auraient servi à rien. Je préfère faire de la qualité en suivant les jeunes individuellement dans leur démarche, que de la quantité avec aucun résultat tangible au bout ».
Rendez-vous pour les 10 ans d’une association qu’Assane Mohamed compte faire encore évoluer.
La fête a malgré tout été gâchée par des batailles de rue bien réelles celle-là, opposant les jeunes de Tsingoni et ceux de Combani, séquelles probables d’un match de hand qui les opposait la veille… Les jeunes danseurs n’ont pu repartir que très tardivement, lorsque la gendarmerie a pu sécuriser les lieux.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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