Il était encore question de politique ce jeudi matin dans les rangs élargis à 26 des conseillers départementaux en séance plénière extraordinaire. Soibahadine Ibrahim Ramadani s’y attendait et a mené l’assemblée là où il voulait. Deux forces en présence, pour un débat constructif.
Jusqu’au bout, l’opposition «centriste» comme la nomme Daniel Zaïdani, l’ancien président de la collectivité, aura tenté de jouer un rôle. Et jusqu’au bout le président Soibahadine Ibrahim aura maintenu son cap, dévoilant la liste de la majorité des 16 UMP-Nema, telle qu’on la connaît, et les présidences des commissions telles que nous les avions annoncées en exclusivité.
A peine le président accordait une concession sur la nomination de membres de l’opposition MDM-UDI au sein de ces commissions (finances, social, aménagement etc.), « mais en surnombre, ils n’auront qu’une voix consultative, excepté en cas de déficit de quorum ».
Il faut dire que l’opposition avait peu de leviers pour renverser la tendance. Ce qui n’empêchait pas Ahamed Attoumani Douchina, UDI, d’avouer sa déception : « nous prenons acte de votre refus d’accepter notre offre d’une seule et même majorité à 26 pour conduire cette île. » Il rappelait, amer, son geste alors récemment élu en 2008 de proposer à son prédécesseur Saïd Omar Oili la vice-présidence, que ce dernier avait déclinée.
Le sage
Un travail en commun qu’appelait malgré tout Soibahadine de ses vœux, « c’est la sagesse qui prévaudra ». Le mot « sagesse » qu’il répètera souvent, le faisant sien, une manière de rassurer la plupart des interlocuteurs et partenaires du conseil départemental, souvent échaudés par l’attitude des élus.
Un groupe d’opposition donc, dont les deux voix Zaïdani et Douchina devront déterminer qui le représente avant la prochaine plénière.
C’est en tout cas Daniel Zaïdani qui se lançait dans une longue reprise des points du règlement intérieur du conseil départemental en début de séance, notamment en dénonçant un article qui prévoit de baisser les indemnités en cas de manque d’assiduité de l’élu. Un point qui faisait en réalité partie du précédent règlement, comme le lui fera remarquer le nouveau président. Et qui n’est d’ailleurs pas appliqué…
Les indemnités des élus ont été données. Elles sont conformes aux standards nationaux d’un département de moins de 250.000 habitants : 1.520 € par élu, 1.672 € s’il fait partie de la commission permanente, 2.128€ pour un(e) vice-président(e) et 5.512€ pour le président.
CHM, ARS, port… les représentants sont connus
Si la séance était extraordinaire, c’est qu’il fallait voter la délégation de pouvoir donnée au président du département en matière de gestion financière, ainsi que pour l’exécution et le règlement des marchés. Pour que la boutique continue à tourner.
Le cabinet sera composé de quatre collaborateurs, qui sont encore à nommer, mais dont les noms circulent avec Piscou Ousseni comme directeur, Hadadi Andjilani, chef de cabinet, et Zaïdou Tavanday et Saïd Salimé comme conseillers.
La désignation des représentants du département au sein des commissions administratives et organismes extérieurs était attendue. Certains devront désigner leur président, notamment le Comité départemental de tourisme où il semble que le nom de Fatimatie Razafinatoandro, la conseillère de Tsingoni soit avancé.
Sagesse et fermeté
D’autres sont désignés, comme à la commission portuaire présidée par Bourouhane Allaouï, conseiller de Koungou, canton qui a perdu le port de Longoni, au profit de Bandraboua, dont le conseiller Issoufi Hadj Mokho assurera justement le rôle de suppléant. En deux mots, Bourouhane Allaoui nous indiquait vouloir rencontrer prochainement les acteurs portuaires, « dans une volonté de consensus sur le travail à entreprendre ».
Les élus d’opposition intégraient donc certaines commissions avec avis consultatif, dont Daniel Zaïdani sur l’ouverture des plis des délégations de service public. Logiquement, en tant qu’élue en charge de la commission infrastructures, Fatima Souffou représentera le département au SMIAM, en charge des constructions scolaires. Il s’agira surtout d’arbitrer les actifs et passifs du syndicat mixte entre les communes et le conseil départemental, dans le cadre de sa dissolution.
Les représentations au sein du CHM, du conseil de surveillance de l’ARS, du SDIS (pompiers) ou de l’entente économique avec Nosy Be, seront assurées par le président.
Soibahadine Ibrahim Ramadani aura donc à la fois donné l’image d’un sage, mais qui mène sa barque avec fermeté, pour cette première séance plénière extraordinaire.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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