La délégation du Comité national de pêche en visite trois jours à Mayotte a trouvé une situation sinistrée, « des conditions de travail inhumaines ». Sortir la pêche et l’aquaculture de la CAPAM et offrir un relai au national, voilà les deux grands axes de travail.
On aimerait que ce soit une prise de conscience collective, jusqu’à l’Hexagone : la France a oublié que les grandes conquêtes furent maritimes, que des richesses passées, présentes avec la pêche, et à venir avec les énergies renouvelables ou les métaux, sont issues des fonds marins et qu’elle reste un moyen d’échange commercial privilégié.
Un ministère que François Hollande avait annoncé vouloir remettre à l’honneur, le dernier ministre de la mer fut Dominique Perben, supprimé lors de l’arrivée de Nicolas Sarkozy à l’Elysée en 2007. Ne subsiste qu’un secrétariat d’Etat.
Mayotte est un peu à l’image de notre République, en pire : entièrement entourée de mer, sa pêche et son aquaculture sont englobées dans une gestion collective avec l’agriculture. Deux branches aux problématiques totalement différentes, la seconde demandant un désenclavement local et un dégagement de fonciers, quand la première souffre de manque de structuration interne et de représentativité au plan national et européen au regard de la politique commune des pêches.
“La pêche et l’aquaculture sortent de la CAPAM en 2017”
L’arrivée du Comité national des pêches maritimes et des élevages marins n’a d’autres priorités que faire porter à Paris la voix des pêcheurs mahorais : « j’avais de la situation une vision toute parisienne. Je n’ai d’ailleurs vu que la partie émergée de l’iceberg pendant ce séjour », commentait Gérard Romiti le président du Comité national des pêches, venu pour trois jours avec Hubert Carré, son directeur.
Après avoir visité les principales installations de pêche et constaté leur côté rudimentaire, « un site de débarquement proche d’un ruisseau nauséabond, des conditions de travail inhumaines », la délégation nationale a signé ce vendredi une charte avec la CAPAM (Chambre d’agriculture, de la pêche et de l’aquaculture de Mayotte) pour qu’un Comité local de pêche soit créé, «et que la pêche et l’aquaculture sortent de la CAPAM, dès 2017. Les pêcheurs doivent voler de leurs propres ailes et participer ainsi aux élections professionnelles pour élire leurs représentants légaux au Comité. Aujourd’hui, Mayotte ne tourne plus le dos à la mer », précise Gérard Romiti.
Il faut mettre en place les fondations d’une structuration professionnelle locale avec des permis mixtes d’exploitation pour les barques de plus de 10 m et des ports de débarquement, « et qui prenne en compte la réglementation européenne avec ses complexités ».
Sur place, le président du Comité a également noté un manque de confiance entre les services de l’Etat, les professionnels et les élus qui n’aide pas à l’avancement des dossiers.
Mayotte souffre donc d’un manque de représentativité au plan national et européen, « un sujet que je vais aborder avec le secrétaire d’Etat à la Mer que je rencontre le 10 mai ». Avec pourquoi pas un déplacement à Mayotte…
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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