Nassirdine M’zé, 23 ans, pourrait être mort en faisant le jihad. La communauté mahoraise et comorienne de Saint-André (La Réunion) est profondément touchée. Les autorités invitent à la prudence et rappellent les dispositifs anti-radicalisation.
Qu’est devenu Nassirdine M’zé ? Si la question a provoqué beaucoup d’émotion à La Réunion, les autorités ont appelé à la plus grande prudence quant aux informations concernant le jeune homme. Nassirdine M’zé dont la famille habite Saint-André, au nord-est de La Réunion, serait mort après être parti faire le jihad au Proche-Orient.
Son père a reçu un coup de fil mystérieux lui annonçant que son enfant était «au paradis». Sans plus de précision. Enquête faite, ce coup de téléphone a été passé depuis l’Irak. Les proches du jeune homme ont fait le lien avec les neuf membres de Daech (Etat islamique) tués par l’armée irakienne à Tikrit le 7 avril. Mais sans que cela puisse être confirmé.
Le plus grand flou
Le Saint-Andréen, âgé de 23 ans, a quitté La Réunion le 10 octobre dernier. Il avait affirmé à ses parents vouloir trouver une formation en métropole. Il a alors été accueilli par sa sœur qui est partie aux Comores quelques jours après. Et depuis le 14 octobre, Nassirdine n’a plus donné signe de vie à sa famille.
Une visite de policiers aux parents a confirmé que le jeune homme était parti dans une zone de guerre, sans plus de précision. Et aujourd’hui, les autorités se refusent à confirmer son décès si bien que le plus grand flou demeure sur le sort qu’a connu le jeune homme, en particulier les circonstances et le lieu du drame éventuel.
Vive émotion dans une communauté très modérée
Pour la famille de Nassirdine et au-delà pour toute une communauté, l’émotion est vive. Et les questions ne manquent pas en particulier celles portant sur la radicalisation du jeune homme. Pour les Réunionnais de 2e ou 3e génération originaires de Mayotte ou des Comores, difficile de comprendre une telle dérive alors que les madrasas s’attachent à faire vivre un islam dont la modération n’est pas sans rappeler les pratiques religieuses traditionnelles de Mayotte.
“Nous ne savons même pas s’il est réellement mort”, tranche Karimou Bacar, animateur du quartier où vivait Nassirdine, et responsable d’une Madrasa ouverte par une association. “Je connais Nassirdine, je n’aurais jamais pensé ça de lui. Il n’est pas du genre à faire la troisième guerre mondiale”, poursuit l’animateur. Nos confrères du Journal de l’Île de La Réunion qui ont été reçus le week-end dernier dans cette madrasa, ont vu une vingtaine d’enfants, âgés de 3 à 15 ans, dont les parents sont originaires de Mayotte ou des Comores. “On leur enseigne le bon côté de l’Islam pour qu’ils ne tombent dans la délinquance. L’Islam à la Réunion, on pense que c’est le bon exemple. Toutes les religions s’entendent bien”, continue Karimou. “On enseigne aux enfants le respect et on les encadre”.
Preuve de cette bonne entente entre les différents cultes, le président de l’association qui a ouvert l’école coranique est Chrétien.
Une plateforme pour aider les familles
Que ce tragique événement se confirme ou non, les services de l’Etat rappellent les dispositifs pour aider les familles à mieux appréhender le phénomène de la radicalisation et empêcher un départ du territoire pour les mineurs qui souhaiteraient rejoindre un pays en guerre. Il s’agit d’un numéro vert, le 0800.005.696 et du site internet www.stop-djihadisme.gouv.fr.
Les conseillers du centre national d’assistance et de prévention de la radicalisation sont à l’écoute de tous ceux qui souhaitent échanger sur le sujet ou faire part de leur inquiétude quant à un proche. La radicalisation concerne le plus souvent des adolescents et jeunes adultes en situation de rupture et d’isolement, mais aussi des jeunes bien insérés mais vulnérables.
Ils seraient 8 à Mayotte et 48 à la Réunion, candidats au djihad, potentiels ou avérés, à être surveillés par les services de renseignement.
RR Le Journal de Mayotte
avec NG du Journal de l’Île de La Réunion
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