Alors que les syndicats nationaux tentent de structurer une action en réponse au passage en force de la réforme du collège, on en parle aussi à Mayotte avec Claire Guéville, responsable nationale du SNES-FSU. Elle vient assister à un stage syndical.
Les sujets d’actualité ne manquent pas et les deux journées du stage syndical proposées aux enseignants du second degré adhérents au SNES-FSU en sont remplies : si elles tournent autour de l’Education prioritaire et de la réforme du collège, leur délégué départemental Thierry Wuilliez abordait aussi les indemnités et leur fiscalisation.
Ils étaient 80 à poser de nombreuses questions sur la fiscalisation dans la salle du Koropa à Majicavo, sur 450 adhérents au SNES local. Et 80 à être rassurés sur la rétroactivité de l’année 2013, « la vice-recteuse (sic) s’est engagée à faire remonter les noms de ceux qui ne sont pas fiscalisables à la préfecture, car de nombreux fonctionnaires sont dans ce cas», informait Thierry Wuilliez qui s’applique à ne pas parler de madame la vice-recteur… La lutte de communication sur la question avec l’UNSA est évidente.
Un nombre d’élèves qui augmente plus vite que les mesures sociales
Ce stage syndical a permis à Claire Guéville, la responsable nationale du mouvement, mais aussi conseillère supérieure d’éducation pour la FSU, de se rendre à Mayotte à la rencontre des enseignants, « je viens prendre le pouls de la profession ». Elle revenait sur l’histoire des REP et REP+, ces réseaux d’éducation prioritaires inscrits initialement dans la loi Peillon de refondation de l’école, « destinés à donner davantage à ceux qui socialement en ont le moins ».
Mayotte est le seul département intégralement classé en REP, l’ensemble des 18 collèges de l’île remplissant les critères de difficulté exigés, dont 8 en REP+, qui leur permet notamment de plafonner le nombre d’élèves par classe et de dégager du temps pour les enseignants, « une reconnaissance des difficultés des conditions d’enseignement, nous avons été favorables », indique Claire Guéville.
Un regret de son syndicat néanmoins : « qu’aucun lycée ne soit classé en REP en France. On nous avait promis une carte de l’Education prioritaire en janvier, nous l’attendons. » Une évolution qui, si elle se fait, aura du mal à se traduire effectivement à Mayotte : « elle implique la nomination d’une centaine de postes supplémentaires, qui se heurte à un double problème ici, l’augmentation simultanée du nombre d’élèves et l’insuffisance de titulaires à postuler ».
Une réforme contre l’ennui
Quant à la réforme du collège, on connaît la position du SNES et le tollé qu’a provoqué le passage en force du décret au Journal officiel, dans la nuit qui suivait les manifestations. « Cette réforme qui traite de l’ennui au collège contient deux gros points négatifs : l’autonomie accrue des chefs d’établissement et la suppression d’options accessibles à tous et qui ajoutaient donc de la mixité sociale », critique la responsable du syndicat. Un texte qui est passé grâce à l’union de petits syndicats minoritaires selon elle, «alors que nous représentons 80% du corps enseignant».
Elle et ses collègues syndicalistes du SNES déplorent par ailleurs qu’aucun bilan n’ait été fait de la réforme Chatel du lycée, «dont la réforme du collège est pourtant une continuité. En particulier, sur l’accompagnement personnalisé qui ne l’est pas tant que ça, certains enseignants se retrouvant avec des classes à 35!»
Une journée d’action avait été programmée le 4 juin, mais dans la matinée un communiqué des syndicats SNES-FSU, SNEP, FO, CGT et Sud, appelait à descendre dans la rue le 11 juin. Un flottement qui traduit l’incertitude des syndicats dont la manifestation du 19 mai avait été suivie par 27% des enseignants selon le ministère, «mais il prend la totalité du personnel comme base de référence», indique Claire Guéville dont le syndicat évalue au double le nombre de participants.
L’implication des enseignants sera en tout cas regardée de prés lors de cette mobilisation, car déterminante pour les actions à venir : « des occupations d’établissements, des réunions avec les parents d’élèves…», certains parlent même de boycott des examens de fin d’année, «mais tout le monde n’est pas partant», indique-t-elle.
Si l’Education prioritaire fait débat en métropole et au Koropa, Mayotte, elle, se débat avec sa priorité à une éducation dont les difficultés ne sont pas encore appréhendées : prise en charge particulière du niveau des nouveaux arrivants, lutte contre l’absentéisme scolaire… etc.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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