Sans surprise, l’assainissement, les routes, les équipements sanitaires et sociaux, les ports enlèvent la plus grande part des investissements sur les 5 ans à venir à Mayotte. Ce sont 378,5 millions d’euros qui seront investis au titre du Contrat de plan, au moins autant devrait l’être en fonds européens.
Les gros investissements publics dans les territoires français sont contractualisés dans des Contrats de projets, ou plan, signés entre l’Etat et les régions (CPER). Ce sont eux qui élèvent le niveau en équipement des territoires. Le CPER de Mayotte vient d’être dévoilé. On connaît donc les secteurs prioritaires pour les 5 années à venir, à découvrir dans la maquette financière du CPER de Mayotte.
Son montant représente la base de financement national et conditionnera donc une grande partie de la consommation des fonds européens. Chiffré exactement à 378.514.400 euros, le Contrat de projet Etat-région de Mayotte sera financé pour un peu plus de la moitié par l’Etat, 193 millions d’euros, et un peu moins par le département, 185 millions d’euros.
Il est divisé en huit thématiques, censées agir comme levier de développement de notre île :
– les infrastructures et les services collectifs de base, la vulnérabilité des territoires et des populations (172,9 millions d’euros)
– l’aménagement urbain et le soutien aux dynamiques territoriales (35,5 M€)
– la gestion des ressources énergétiques et environnementales et les filières d’excellence (4,6 M€)
– le développement de la recherche et de l’innovation (4,9 M€)
– la cohésion sociale et l’employabilité (19,7M€)
– le développement économique durable (26,8 M€)
– le numérique (5,1 M€)
– la mobilité 105,8 M€)
Une assistance technique est prévue pour mener à bien ces dossiers, à hauteur de 3 millions d’euros.
L’assainissement surveillé par l’Europe
Contrairement aux autres territoires français, les investissements les plus conséquents concernent les infrastructures, Mayotte ayant encore un énorme déficit dans ce domaine. En particulier en assainissement pour lequel c’est l’Etat qui met la main à la poche (90 M€) bien qu’il s’agisse d’une prérogative du Syndicat intercommunal des eaux et de l’assainissement (Sieam), habituellement cofinancé par le conseil départemental.
Il faut dire que l’Europe a menacé l’Etat français de sanction si Mayotte n’atteint pas les objectifs fixés dans ce domaine. Rappelons que les besoins sont de 700 M€ et que l’investissement du CPER n’est encore que la part nationale des financements européens.
Le CPER se focalise sur le réseau routier ensuite avec 34 M€ de l’Etat et 27 M€ du département. En matière d’infrastructures encore, 26 M€ partiront en infrastructures sportives, 10M€ en scolaires, 15M€ en équipements sanitaires et sociaux, 23,7 M€ vers les ports, dont 12M€ pour Longoni et 11,7M€ pour la gestion des déchets (quais de transfert et déchetteries publiques).
15 millions d’euros pour le secteur privé
A noter que pour chaque poste, pour la première fois, d’autres sources de financement sont mobilisées. Ainsi, 20 millions d’euros, issus des programmes régionaux des fonds européens, le seront sur le volet portuaire.
En aménagement urbain, priorité sera donnée à une électrification rurale en souffrance, dont les deux tiers par le conseil départemental en appui aux projets communaux.
Le département s’engage à soutenir les entreprises à hauteur de 15 M€, sur la thématique du développement économique alors que 7 M€ devront financer la pêche et l’aquaculture.
La cohésion sociale est le 5e poste le plus doté, avec priorité à la formation maritime, l’information à destination de la jeunesse, la lutte contre l’illettrisme et la formation de formateurs.
Être en capacité de mener au bout le CPER
La finalisation de la couverture en haut débit et le lancement du très haut débit sont également inscrits au CPER, ainsi que la résorption des « zones blanches », non couvertes en téléphonie mobile.
Pour la recherche et l’innovation, c’est le laboratoire d’analyse départemental qui est priorisé à hauteur de 4,5 M€ par le département.
Enfin, la transition énergétique portera sur la reconquête de la biodiversité et la préservation des ressources et l’efficacité énergétique des bâtiments.
Rien de neuf donc, une enveloppe qui manque certainement d’ambition, mais aux acteurs de prouver qu’ils peuvent réaliser, pour renforcer des éventuelles demandes de réajustement. Le précédent CPER avait en effet pâti du manque d’engagement du conseil général qui, n’ayant pas rempli sa quote-part, avait laissé les projets en cours, notamment sur l’assainissement, pour lesquels l’Etat avait dû compléter.
Le CEPR est soumis pendant ce mois de juin à consultation du public, pour la prise en considération des aspects environnementaux.
Il sera signé le 13 juin malgré tout par le premier ministre Manuel Valls.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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