Le permis d’exploration pétrolière délivré par l’Union des Comores sur une zone qui empiète sur la ZEE Mahoraise, refait parler de lui. Instruit par la France qui consulte les acteurs concernés, il a été soumis au Parc Naturel Marin qui a donné un avis défavorable.
En mars 2014, le parlement comorien avait autorisé la délivrance d’un permis d’exploration pétrolière sur une aire empiétant sur la Zone économique exclusive de Mayotte (370km autour de nos côtes). Le sénateur Thani Mohemd Soilihi avait alors alerté sur une possible “perte nette de richesse pour notre territoire”.
La demande de prospection est actuellement instruite par les services de l’Etat français, nous apprend le conseil de gestion du Parc Naturel marin de Mayotte, réuni ce mardi 16 juin à la DEAL sous la présidence de M. Ahmed Soilihi, vice-président du Parc. La procédure prévoit a consultation de différents acteurs, dont les avis permettront d’étayer la décision ministérielle finale, qui devrait intervenir en octobre 2015.
Cette prospection étant susceptible d’avoir un effet notable sur le milieu marin, le Parc naturel marin de Mayotte a été consulté pour avis conforme, que l’autorité compétente pour instruire la demande sera donc tenue de suivre.
Impact sur les mammifères marins
La demande de prospection a pour objet l’acquisition de données sismiques sur 1.180 km, potentiellement porté à 2 500 km, dans la partie est de la zone économique exclusive des Glorieuses, voire au nord de celle de Mayotte.
Le Parc relève plusieurs obstacles à ce projet, dont principalement l’impact notable sur les mammifères marins et les tortues marines, l’impact possible sur les populations de poissons migrateurs.
“L’effet des émissions sismiques (ondes à partir d’explosions, ndlr) sur la faune se ressent à plusieurs dizaines de kilomètres du lieu d’émission. Leur impact irait donc jusqu’au périmètre du Parc naturel marin de Mayotte, quand bien même les prospections s’effectueraient uniquement dans les eaux des Glorieuses”, indique le Parc Naturel marin dans un communiqué.
“Le projet proposé ne prend pas en compte la présence d’aires marines protégées. Le dossier comporte des incohérences notables dans la description des campagnes envisagées et les mesures d’atténuation des impacts. En outre, les mesures compensatoires proposées sont également insuffisantes au vu des enjeux.”
Enfin, le conseil de gestion alerte sur la nécessaire anticipation des impacts que présenterait une exploitation des ressources d’hydrocarbures dans le secteur, dans le cas de prospections fructueuses. Une demande d’exploitation effective serait alors probablement incompatible avec les objectifs de gestion du Parc naturel marin de Mayotte, et son autorisation risquerait de ne pas aboutir. Le porteur de projet se serait alors engagé dans une phase de prospections coûteuse en vain.
Le conseil de gestion a donc porté un avis conforme défavorable.
A.P-L.
Le Journal de Mayotte
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