28.9 C
Dzaoudzi
mardi 30 avril 2024
AccueilSociétéChirongui bloqué : quelles solutions au lynchage de Hugo?

Chirongui bloqué : quelles solutions au lynchage de Hugo?

Un village fait blocus autour d’un des siens, Hugo, laissé pour mort. Mais un blocus surtout dirigé contre cette délinquance qui laisse tout le monde démuni.

Quelques rondins et une planche: il fallait traverser Chirongui à pied aujourd'hui
Quelques rondins et une planche: il fallait traverser Chirongui à pied aujourd’hui

Les gendarmes, la maire, le climat social, la parentalité déficiente… les sujets à l’origine de l’indignation de la population de Chirongui sont nombreux depuis dimanche. Plus que de tension, il faut parler de ras-le-bol pour expliquer le blocage du village par des barrages, nord, sud et est. Car un jeune a été gravement blessé, “un acte de barbarie !” s’exclame Kamardine, dit «dadaï l’enfant».

Autant de personnes interrogées, autant de versions de l’histoire. Un fait : Hugo, 15 ans, scolarisé au lycée polyvalent de Chirongui, a été grièvement blessé par plusieurs coups de chombo à la cuisse et aux bras. «Ses jours ne sont cependant pas en danger», indiquait Roukia Lahadji, la maire de Chirongui.

Il sortait, avec  son ami Chafion, d’un dahira, une célébration religieuse, samedi soir à la mosquée de Poroani. Difficile de savoir s’il y a vraiment participé, mais une altercation les oppose alors à une bande de jeunes adultes, «dont un a refusé de lui serrer la main à la suite d’un mouringué (boxe) perdu quelques semaines auparavant» explique Charkia, une des femmes du village. D’autres bandes viennent en appui, «dont des dresseurs avec une meute de chiens», mais aussi un véhicule qui a blessé Chafion, et plus gravement Hugo. Ses amis partent se cacher dans la mangrove, il est 23 heures. Un des jeunes adultes va s’acharner sur Hugo, lui assénant un coup de chombo à la cuisse, d’autres aux bras alors qu’il tente de se protéger le visage.

Une maire réactive

C’est l’arrivée de deux adultes, dont un gendarme réserviste, qui va sauver Hugo en l’emmenant à l’hôpital, «on serait à son enterrement sinon». C’est aussi un village, Chirongui, qui s’exprime contre un autre, Poroani. Pour éviter que les tensions s’exacerbent, la maire, Roukia Lahadji, organise dès dimanche une réunion de conciliation à 16 heures. Elle tourne court, «les tensions étaient trop fortes» nous indique-t-elle.

Les témoignages concourent tous sur un retard de réaction des forces de l’ordre, aussitôt démentis par un communiqué de la gendarmerie : «les militaires de la brigade de M’Zouazia arrivent sur les lieux à 23h40 (l’hôpital de Mramadoudou, ndlr) soit 10 minutes après l’appel et non pas six heures comme certains tentent de le faire croire». Le gendarme qui se trouvait fortuitement sur les lieux est un des 28 réservistes que compte la gendarmerie.

Deux individus sont rapidement interpellés, à 5h30 et 10 heures le dimanche matin, «un jeune majeur et l’autre plus âgé, non connus des services de police», indique le capitaine Milliasseau et précise que “le conducteur de la voiture est identifié comme probable instigateur de cette agression grave».

Bientôt les élections municipales

"Les forces de l'ordre nous ont abandonnés" ou "Hugo, tous avec toi!" pouvait-on lire lors de la marche blanche
“Les forces de l’ordre nous ont abandonnés” ou “Hugo, tous avec toi!” pouvait-on lire lors de la marche blanche

Les habitants de Chirongui ne demandent pas du goudron et des plumes comme dans un mauvais western, et arrivent à garder raison pour la plupart : «hors de question que nous nous vengions, cela ne ferait qu’empirer les choses», indique Chicham, terminale S du lycée de Chirongui, «et nous ne voulions pas ériger de barrage, mais la maire en parlant de règlement de compte nous a énervés».

Les échanges s’enveniment un court instant entre un habitant et un automobiliste qui voudrait pouvoir circuler pour travailler : «érigez plutôt un barrage filtrant en délivrant des explications !». Le blocage des routes, bien qu’interdit, est un réflexe qui perdure…

«On ne responsabilise pas assez les jeunes dans cette commune en déficit d’associations !» s’écrie un habitant qui se défend contre l’idée de polémiques politiciennes. Pour Roukia Lahadji, le manque de moyens pèse sur les insuffisances, tout en indiquant quand même : «nous avons rénové la maison des jeunes de Poroani en y installant dix ordinateurs, la construction d’une maison des jeunes et de la culture est en cours à Miréréni, avec l’aide de l’Etat, qui nous épaule aussi sur la salle interculturelle de Chirongui, de 250 places». Une salle de cinéma sera opérationnelle «d’ici quelques semaines».

«Des années qu’on entend ça ! La mairie, par contre, est déjà bâtie !» s’écrie le jeune lycéen, qui déplore que «beaucoup d’associations se créent mais ferment quelques mois après !». Un habitant glisse que souvent les jeunes délinquants sont réinsérés grâce au GSMA.

Une marche blanche a été organisée à 11 heures ce lundi matin, rassemblant un peu moins de 200 personnes, à l’issue de laquelle les barrages ont été levés. Une assemblée de village doit se tenir en soirée.

Anne Perzo-Lafond

Anne Perzohttps://lejournaldemayotte.yt
Anne PERZO Le journal de Mayotte https://lejournaldemayotte.yt

Comments are closed.

RESTONS EN CONTACT

Inscrivez-vous à la lettre d'information du JDM afin de garder en oeil sur l'actualité mahoraise

L'actualité

AVIS DE CONSTITUTION AUTO SHOP 976

139522
  Par acte SSP du 14/09/2022, il a été constitué une SAS dénommée : AUTO SHOP 976 Siège social : 25 Rue Bahoni 97615 Pamandzi Capital :...
+26
°
C
+27°
+24°
Mamoudzou
Samedi, 04
Dimanche
+25° +24°
Lundi
+25° +24°
Mardi
+25° +24°
Mercredi
+25° +24°
Jeudi
+25° +24°
Vendredi
+25° +24°
Prévisions sur 7 jours
Campagne, politique, Mayotte

Tribune – De l’art du discours à la formule

139522
Qui pour relever les défis de nos grands orateurs du passé ? Peu de noms émergent de la tribune de Madi Abdou N'tro, voire aucun, sur les dernières campagnes, laissant sans doute "un sentiment d'imposture" chez les électeurs

Départementales Sada : remaniements en vue au conseil départemental

139522
L’issue du scrutin a parlé : c’est donc le binôme Soula Saïd Souffou/Mariam Saïd Kalame qui intègre les bancs de l’assemblée départementale. Ce qui implique des réélections au menu du conseil départemental les jours prochains. Avec l’éventualité d’une refonte complète des vice-présidences, comme nous l’expliquons

Départementales partielles : Soula S. Souffou et Mariame S. Kalame élus avec 52,26% des voix

139522
Ils étaient en tête au premier tour, et ont creusé l’écart à l’issue du second : le binôme surprise Souffou/Kalame qui n’était pas présent sous cette configuration en 2021, est le nouveau duo d’élus qui intègre le conseil départemental.
Comores, Azali Assoumani

Comores : un ténor de l’opposition appelle à une désescalade politique

139522
L’ancien gouverneur de la Grande-Comores, Mouigni Baraka Said, estime qu’il est temps de dialoguer avec le président Azali Assoumani dans l’intérêt du pays et de la population. L’homme politique se reconnait toujours dans l’opposition mais s’oppose toutefois à "ces querelles sans fin et sans véritable perspectives de sortie de crise". Une démarche mal digérée par les autres opposants qui refusent tout dialogue avec le président Azali Assoumani depuis son élection le 24 mars 2019.
Départementale, Sada, Mayotte

Départementales partielles à Sada : Saïd Souffou-Mariam Kalame en tête

139522
Le 1er tour de l'élection partielle des conseillers départementaux du canton de Sada se tenait ce dimanche 25 septembre. Le canton est toujours scruté de prés pour être l'un des épicentres politiques locaux. Les élections...