La pièce d’avion retrouvée hier mercredi sur le littoral de Saint-André appartient-elle au vol MH 370 de la Malaysia Airlines ? La question est sur toutes les lèvres 16 mois après l’inexplicable disparition. CNN affirme ce jeudi matin qu’elle provient bien d’un Boeing 777.
L’équipe d’emplois verts d’une association de Saint-André à La Réunion ne s’attendait sûrement pas à sa nouvelle notoriété. En charge de l’entretien du sentier littoral vers l’étang de Bois-Rouge, leur photo fait la Une de l’actualité internationale. Il était 8h45 hier mercredi, lorsqu’ils ramènent sur la terre ferme un débris que le courant aurait pu repousser au large : un morceau d’une aile d’avion.
La pièce est de bonne taille : 2 mètres de long sur 1 mètre de large et serait plutôt légère. Deux hommes peuvent la soulever, ce qu’ont fait deux enquêteurs de la BGTA (brigade de gendarmerie des transports aériens). Ils ont rapidement rejoint les policiers déjà sur place pour inspecter le débris sous toutes les coutures. Il s’agissait de relever toute trace particulière mais aussi son numéro d’identification qui permet de retrouver l’histoire de la moindre pièce d’avion, et donc d’où elle provient.
La Malaisie envoie des enquêteurs
Car depuis la découverte, les spéculations vont bon train : de quel crash ou perte de pièce par un avion, ce débris peut-il bien provenir ? Immédiatement, un lien éventuel avec le Boeing 777 du vol MH370 de la Malaysia Airlines, disparu le 8 mars 2014 avec 239 personnes à bord est évoqué. Depuis le conseil de sécurité de l’ONU, le ministre malaisien des transports a d’ailleurs annoncé avoir envoyé des enquêteurs de son pays sur place.
Ce jeudi matin, la chaîne d’information américaine CNN, qui suit de près la découverte, cite un expert de Boeing et affirme que le débris vient bien d’un 777 identique à l’appareil de la Malaysia Airlines.
A l’heure actuelle, aucune piste n’est pourtant privilégiée par les enquêteurs mais après la diffusion des photos de la pièce, de nombreux spécialistes ont émis des avis à l’image d’un expert français en sécurité aérienne, Xavier Tytelman, qui relève sur son compte Twitter «des similitudes incroyables entre le flaperon d’un #B777 et le débris retrouvé». Les flaperons sont de petits volets disposés en bordure des ailes, que les pilotes actionnent au décollage ou à l’atterrissage.
Des courants venus de l’est
Les spécialistes des courants marins se sont également fait entendre. Ils ont décrit ces flux qui arrivent de l’est sur le littoral réunionnais et qui auraient pu ramener un débris depuis le côté australien de l’océan Indien.
Ce qui pose la question de la durée de la présence de la pièce dans l’océan. Son séjour en mer ne serait pas si ancien car il n’y a pas de trace d’oxydation sur les rivets. «Il était rempli de coquillages», ont précisé les découvreurs. Il s’agit en fait de petits crustacés capables de coloniser un objet flottant en quelques jours. En revanche, aucune trace d’algues.
Autant d’éléments qui semblent écarter d’autres hypothèses évoquées, une pièce provenant de l’accident de l’Airbus A310 de la compagnie Yemenia, en 2009 au large des Comores, ou encore d’un bimoteur qui s’était écrasé en 2006 au sud de la Réunion.
D’autres morceaux à venir?
Ce n’est pas la première fois que des débris provenant d’un crash d’avion dans l’océan Indien viennent s’échouer sur les côtes réunionnaises. Là-bas, on se souvient du mois de décembre 1987 où de nombreux débris provenant d’une catastrophe intervenue un mois plus tôt étaient récupérés par les pompiers sur le littoral. Il s’agissait d’un Boeing 747 de la South African Airways qui devait relier Taïwan à Johannesburg et qui s’était abîmé avant son escale de Maurice. Les enquêteurs préviennent donc qu’il n’est pas impossible que d’autres débris viennent s’échouer dans les jours ou semaines à venir.
S’il s’avère que la pièce provient effectivement du Boeing 777 de la Malaysia Airlines, cela relancerait l’enquête sur ce qui reste à ce jour l’une des plus grandes énigmes de l’histoire de l’aviation civile. L’appareil, parti de Kuala Lumpur pour Pékin avec 239 personnes à bord, avait purement et simplement disparu une heure après son décollage le 8 mars 2014. Aucune trace n’en a jamais été retrouvée depuis, en dépit d’intenses recherches dirigées par l’Australie dans le sud de l’océan Indien où des satellites ont repéré pour la dernière fois les systèmes de communication de l’appareil.
RR
Le Journal de Mayotte
avec le JIR
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