Le conseil départemental a investi 650.000 euros pour la participation de Mayotte dans ces jeux des Îles. L’Etat 140.000 euros. Nous avons pris du plaisir à suivre la participation de nos athlètes, médaillés ou non. Et maintenant, nous attendons une véritable politique sportive et d’équipement ?
Treize médailles. Bien sûr, ça fait plaisir. On ne manquera jamais de comparer ce résultat aux 2 médailles d’argent de 2011 et aux 4 médailles de bronze de 2007.
Mais à y regarder de plus près, le tableau des médailles interroge : pourquoi sommes-nous si loin du trio de tête et même de l’île qui occupe le rang devant le nôtre, les Seychelles ? Car l’archipel seychellois a glané plus de médailles de chaque métal que le total de Mayotte : 25 en or, 40 en argent, 31 en bronze soit un total de 96.
L’explication est à trouver dans le nombre de disciplines dans lesquelles Mayotte a aligné des athlètes. Sur les 14 disciplines officielles des Jeux, notre département ne participait que dans 8 d’entre elles et parfois sans féminines comme au volley, au tennis ou au judo. Et jamais avec des athlètes handisports ou en sports adaptés… A Mayotte, ils doivent encore se contenter d’un petit local dans le gymnase de Cavani, mais pas vraiment d’une volonté de les valoriser comme des athlètes à part entière.
46 podiums possibles dans l’athlétisme
Et même dans les disciplines où nous étions présents, nous étions tout petits. Prenons l’athlétisme : sport individuel, grand pourvoyeur de médailles en général et pour Mayotte en particulier : 7 sur nos 13… mais 7 sur les 46 podiums possibles (et 16 podiums supplémentaires pour le handisport et le sport adapté).
Nous étions absents au 200m, 800m, 1.500 m, 5.000m, 10.000m, 400m haies, 3.000m steeple, 5.000m marche dame, 10.000m marche homme, l’heptathlon dame, le décathlon homme, les relais, le triple saut, le lancer de poids, le lancer de disque, le lancer du marteau… L’athlétisme n’a toujours pas de ligue car toujours pas assez de clubs et de licenciés… et toujours pas de stade départemental dont les travaux n’en finissent pas de ne pas commencer.
Etonnamment, la direction de jeunesse et sport (DJSCS) a choisi l’UNSS, le sport scolaire, pour un plan de relance de l’athlétisme. Mais à quoi cela sert-il de faire d’éventuelles détections s’il n’y pas de clubs et de ligue pour en faire des athlètes de niveau régional ou national? Qui s’attèle à la tâche?
Des équipements et de l’entretien
Car chez nous, si le niveau des sportifs progresse, c’est parfois malgré les politiques publiques. C’est le cas du judo (1 médaille d’argent pour Florian Le Joly et… 26 podiums possible au total). A Mayotte, les clubs doivent louer à prix d’or des salles mal équipées au vice-rectorat pour pouvoir faire vivre la discipline. A quand un dojo départemental ?
Même chose au tennis où le niveau de classement ne cesse de monter. Mais à Cavani, on rêve d’un 3e cours et de l’aménagement d’un pool-house pour faire de la pratique sportive un moment convivial. Pour quand ?
Concernant les sports collectifs, indéniablement, le niveau de notre handball (2 médailles d’argent), de notre basket (une médaille de bronze pour les féminines) et de notre football (médaille d’argent pour les hommes et de bronze pour les féminines) ne cessent de monter. Mais là encore, on attend, particulièrement à Mamoudzou, des plateaux rénovés et entretenus…
Entretenus comme devraient l’être les 2 seuls gymnases du département: l’équipe masculine de basket s’est entraînée dans le gymnase de Petite Terre avec parfois une quantité de poussières et de débris au sol qui rendait les sessions de préparation dangereuses.
Des investissements pour de nouvelles disciplines
On pense aussi à tous ces sports où ne sommes pas partis et qui pourraient, avec des investissements relativement limités, être développés assez rapidement, pour ensuite installer une progression dans la durée : le tennis de table (7 podiums), le badminton (6 podiums), la boxe (10 podiums), l’haltérophilie (15 podiums).
La voile mahoraise n’avait pas de représentants car elle ne dispose pas de ligue à Mayotte, condition indispensable posée par le CROS pour faire partir des athlètes. Mais qui s’occupe de structurer la discipline? Et ne parlons pas du cyclisme où, désespérément, tout reste à faire.
La piscine départementale
Enfin, après l’athlétisme, l’autre discipline individuelle qui pourrait fournir beaucoup de médaille est la natation. Aux Jeux des îles, elle représente 38 podiums (autrement dit 38 x 3 médailles) auxquels se rajoutent ceux de la natation handisport et adapté. Mais cette fois-ci, il faut une volonté publique forte et un investissement important : il s’agit de construire la fameuse piscine départementale dont on a beaucoup parlé avant de ne plus en parler du tout.
Au moment où le moindre mouvement de sourcil des autorités semble être inspiré par le document stratégique Mayotte 2025 avec de prometteuses perspectives de développement, nous attendons ceux qui vont nous parler du sport à Mayotte en 2025… et peut-être même dès les prochains Jeux de 2019 et 2013. Célébrer les athlètes d’aujourd’hui c’est bien, mais la fête ne doit pas masquer les attentes de tous ceux qui nous pourrions célébrer dans l’avenir.
RR
Le Journal de Mayotte
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