CARNET DE JUSTICE DU JDM. La justice devait statuer sur trois séries de faits reprochées à un jeune homme de Kawéni, âgé de 19 ans et père d’un enfant de 3 ans. Présenté en comparution immédiate, hier lundi devant le tribunal correctionnel, il écoute la longue présentation du président Ballu.
Les plus anciens remontent au 23 avril dernier et se sont déroulés devant la SNIE de Kawéni. Ce matin-là il est 9h30, lorsqu’une dizaine de jeunes déjà grisés par les nombreuses bières descendues, encerclent un commercial et un stagiaire du magasin. Le prévenu en fait partie. Ils fouillent les poches de leurs victimes et vident le contenu de leur sac. Les agresseurs récupèrent ainsi des téléphones portables. Après quelques coups, ils obtiennent de leurs victimes qu’elles enlèvent les codes.
Les jeunes s’emparent aussi des cartes bancaires des deux malheureux salariés. Ils sortent des couteaux et emmènent de force leurs victimes au distributeur BFC situé à proximité. Ils les obligent à faire leur code et à retirer de l’argent. Ils obtiennent 60 euros. «Si le monsieur avait refusé de faire le code, vous auriez fait quoi avec vos armes?» demande le président. «C’était juste pour menacer», répond le prévenu.
Rapaces sur un accident
Les 2es faits datent du 7 mai, «c’est encore à Kawéni, c’est votre terrain de chasse», note le président. Avec ses amis, toujours sans le moindre scrupule, il profite d’un accident de la circulation, une moto vient de renverser un piéton. Le conducteur du deux-roues s’immobilise et va au-devant de la victime. Les jeunes s’emparent alors de son sac à dos et s’enfuient vers le collège K1. Lorsqu’ils le vident, ils découvrent à leur grande surprise, une enveloppe de 3.000 euros en liquide. Ils sont 5 à se partager la somme rondelette…«pour manger des brochettes», se justifie le prévenu.
Le conducteur du deux-roues va mener sa propre enquête, retrouver les familles des jeunes et obtenir, on ne sait trop comment, un chèque de 3.000 euros en remboursement de son préjudice. Il se rend tout de même à la police et livre les noms des auteurs présumés du vol.
Trois peines au casier
Enfin le 4 juin, à la Convalescence, le prévenu s’en prend à un jeune homme qui téléphone. Il lui arrache son portable après l’avoir menacé avec un couteau. La victime prévient immédiatement la police et une tournée rapide dans les rues de Kawéni permet aux policiers de la BAC de retrouver le téléphone et à nouveau d’identifier le prévenu comme étant l’auteur présumé de ce nouveau délit. Le portable avait déjà été revendu pour 40 euros. Le voleur sera retrouvé et interpellé le 11 juillet.
A priori, le jeune homme est bien parti pour être lourdement condamné. Car son casier judiciaire est déjà chargé de 3 condamnations de la justice des mineurs pour des vols: une admonestation en avril 2012, une remise à ses parents en juin 2013 et 100 heures de travail d’intérêt général (TIG) en juillet 2014. Il devait effectuer son TIG chez les pompiers durant ce mois d’août, mais son placement en détention provisoire l’a empêché de l’effectuer.
6 mois de prison ferme
«On parle souvent de zone de non-droit. Mais le non-droit, c’est quand des citoyens décident de ne plus respecter la loi. Et à Kawéni, la zone de non-droit, c’est l’endroit où se trouve le prévenu. Il faut de la prison ferme pour l’aider à changer de comportement», avait requis le procureur Alik, qui demandait un an ferme et un an supplémentaire avec sursis.
Me Hassan, l’avocate du prévenu, met en avant sa formation en menuiserie, sa volonté de changer mais aussi les mauvaises influences de Kawéni et l’effet de groupe.
Finalement, le tribunal condamne le jeune homme à 6 mois de prison ferme, et un an avec sursis et une mise à l’épreuve de deux ans pendant lesquels il sera suivi par un juge d’application des peines. Obligation lui est faite de travailler, de se défaire de sa consommation régulière d’alcool et d’indemniser ses victimes. Il devra ainsi verser les 100 euros de dommages et intérêts que lui réclame le jeune homme de la Convalescence. Le condamné est reparti à Majicavo.
Après cette condamnation, les enquêtes se poursuivent pour tenter d’interpeller d’autres jeunes impliqués dans ces faits.
RR
Le Journal de Mayotte
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