Inel Robert rêvait de s’installer à Mayotte. Ce Réunionnais de 64 ans a été condamné à 3 ans de prison. Il allait revendre 50kg de zamal (cannabis) pour financer ses projets.
CARNET DE JUSTICE DU JDM. Inel Robert, 64 ans, était tout près d’atteindre son objectif : s’exiler à Mayotte. Il touchait du bout des doigts son rêve d’eldorado, quand les gendarmes de Saint-Paul ont débarqué dans sa case en bois sous tôles, à Saint-Paul, le 8 août dernier. Pas moins de 50 kg de zamal dans des cartons et des rouleaux prêts à être revendus ont été saisis. Ce qui a valu au sexagénaire d’être jugé, hier mardi à Saint-Denis, en comparution immédiate.
Le début de l’histoire est farfelu : les gendarmes sont appelés pour régler un différend entre deux colocataires à la Possession. Arrivés sur les lieux, une odeur familière flottant dans l’air attire leur attention. Ils demandent au propriétaire de la maison d’ouvrir les fenêtres de la chambre et tombent sur un jardin de cannabis. Ils découvrent également du matériel de culture.
Les promos de tonton Inel
Placé en garde-à-vue, le propriétaire des lieux explique qu’il s’approvisionne en zamal à Saint-Paul et les dirige vers son fournisseur, qu’il connaît sous le surnom de «tonton». Le suspect décrit l’endroit exact où vit le dealer présumé, à Savanna. Les militaires débarquent alors chez le dealer et tombe sur Inel Robert. Dans la case du sexagénaire, ils retrouvent du matériel de culture, des grosses sommes en liquide et du zamal… Beaucoup de zamal.
«Il reconnaît avoir acheté pour 8.000 euros de cannabis dans le but de le revendre», explique le président, Jean-Pierre Niel. Le Saint-Paulois espérait récolter 20.000 euros en vendant ses rouleaux à 20 euros. «Vous faisiez des promotions aussi, il me semble?», questionne le président. «Oui, je faisais un prix de gros : quatre rouleaux achetés, quatre rouleaux offerts».
Un dernier gros coup
Pourtant, bien qu’il ait déjà été condamné pour des faits de ce type, l’homme nie être un trafiquant : «Je ne fais pas de trafic. J’ai arrêté depuis six ans mais là, j’ai eu une occasion». Une occasion de ramasser une grosse somme pour pouvoir s’installer à Mayotte.
Connu de la justice depuis 1971 pour différents types de délits, Inel Robert affirme être vendeur de cacahuètes et de samoussas, activité qui lui aurait permis de ramasser les 8.000 euros pour «investir dans le zamal». « Vous pensez que le tribunal va croire ça? Vous mélangiez peut-être les cacahuètes, les samoussas et le zamal?», ironise le président.
3 ou 4 ans d’économies
«Quand on le voit comme ça, on n’a pas l’impression que c’est un dangereux criminel, il pourrait presque faire pleurer dans les chaumières, commence Christophe Gourlaouen, le procureur. C’est quelqu’un d’isolé qui rêve d’une vie meilleure. Mais il y a une différence entre la présentation de M. Robert et les éléments qu’il y a dans le dossier. Il a voulu faire un dernier gros coup. Il dit que ça fait 3 ou 4 ans qu’il économise. Il souhaitait revendre cette cargaison au mois d’octobre, période considérée comme sèche dans ce milieu». Le magistrat requiert une peine de trois ans ferme.
Une peine trop élevée selon l’avocat de la défense : «Il a essayé de faire les choses bien, mais il s’est fait attraper. Il assume ce qu’il a fait. Manifestement, la vente de cacahuètes n’était pas suffisante pour un complément de retraite. Il a 64 ans, c’est une peine trop lourde». C’est pourtant bien la condamnation dont il a écopé, hier. Au revoir Mayotte, bonjour la prison de Domenjod.
Raphaëlle Lakia Soucalie
Le JIR
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