Entreprendre au féminin a fait du chemin depuis sa création. Ce sont maintenant des jeunes femmes au fait de leurs besoins, et qui cherchent la structure idéale pour les combler. Et les hommes n’y sont pas exclus…
Les femmes chef d’entreprise de Mayotte savent comment s’y prendre. Entreprendre au féminin était parvenu à réunir un samedi matin à Bandrélé, la directrice de la Dieccte Monique Grimaldi, des responsables de services des services fiscaux, la déléguée au droits des femmes de la préfecture Noiera Mohamed, le président de la BGE (Boutique de gestion) Omar Mhadji et sa chargée de mission, le vice-président de la couveuse d’entreprise, une représentante d’OPCALIA, l’organisme financeur des formations, la médiation familiale, sans oublier le maire de la commune Ali Moussa Ben Ali et son DGS François Delaroque.
Le créateur d’entreprise peut tomber dans deux écueils. Le premier peut le porter à croire que son chemin va être pavé de structures et de conseils en tout genre, prêts à lui tendre la main. La réalité est tout autre et nombreux sont-ils, en ayant créé leur boite, à apprendre après coup qu’ils auraient pu bénéficier d’aides.
L’autre tient dans une réponse un peu trop rapide du « osez créer votre entreprise ». « Quand on a des crédits, une famille, des obligations, il faut parfois y réfléchir à deux fois », indique une porteuse de projet présente ce samedi. « Surtout qu’à Mayotte, les gens pensent que créer son entreprise, c’est devenir riche tout de suite, et ils s’arrêtent au premier écueil du coup ! Or, il faut trois ans de galère minimum », souligne le vice-président de la couveuse Oudjérébou.
Un accompagnement amélioré
Les services fiscaux* ne sont pas en mal de conseils, dans un premier temps consultables sur le site impots.gouv.fr. Leurs représentants rappelaient déduction fiscales sur les 5 premières années, dont 100% la première année de la création : « nous avons aussi avec le Suramortissement, un outil très intéressant qui permet d’amortir un bien à 140% de sa valeur ». Tellement intéressant que les investisseurs n’ont plus que jusqu’au mois d’avril 2016 pour concrétiser.
Mais c’est la BGE et la Dieccte qui sont habituellement en première ligne : « et pour être plus efficaces, le comité qui délivre les aides convie maintenant systématiquement le porteur de projet, au top pour défendre son dossier, et non plus seulement son accompagnant », indique la BGE.
Mais les informations ont encore du mal à circuler : « je suis salariée et porteuse de projet en même temps. On m’a rétorqué que je devais être demandeur d’emploi », indique une des cocréatrices de PAM, « Passionnées d’Artisanat Mahorais », qui fait malheur en période de mariage, et dont les créatrices cherchent à se développer. La BGE demande en effet que le créateur se consacre à 100% à son projet. Mais c’est ce samedi matin que la jeune femme apprendra de la bouche d’Opacalia, qu’elle a droit à une formation individuelle, non liée à son employeur.
Rêver… les pieds sur terre
Pour remédier à ces problèmes, et donner de la visibilité au futur créateur d’entreprise, Entreprendre au féminin propose d’évoluer vers une Coopérative d’activité et d’emploi. Cette CAE pourrait fédérer plusieurs structures susceptibles de former individuellement les porteurs de projet qui pourrait en tester la viabilité. Une sorte de BGE au féminin : « elle prendrait en charge la gestion administrative, la gestion fiscale, sociale et comptable, et en contre partie, que l’entreprise rémunère à hauteur de 10% de son chiffre d’affaire », explique Entreprendre au Féminin.
Et les Femmes mamas chingo, de l’association Ecomusée du sel de Bandrélé**, présentes dans la salle sont intéressées.
La difficulté à Mayotte de mutualiser les moyens est évoquée par Noéra Mohamed : « les potières de Sohoa n’y étaient pas parvenues, malgré l’impulsion de la Caisse des Dépôts prête à suivre. » A la suite de cette remarque, Monique Grimaldi annonçait son intention de les accompagner.
La jeune créatrice repartira de la réunion sans encore savoir si elle allait quitter son job pour se lancer totalement dans une création : «la confiance n’exclut pas le contrôle», lance-t-elle. «Mais le chef d’entreprise, c’est celui qui prend des risques», rétorque la BGE…
C’est la citation de Disney, Walt Disney, qui les mettra d’accord : «Pour réaliser une chose vraiment extraordinaire, commencez par la rêver. Ensuite, réveillez-vous calmement, et allez d’un trait jusqu’au bout de votre rêve sans jamais vous laisser décourager.»
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
*02.69.61.81.10
** Journée portes ouvertes le 19 septembre
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