Le courrier qui se veut alarmant, intitulé «Déclaration d’alerte sociale» et envoyé par une intersyndicale au préfet, à la Dieccte et aux patrons, est critiqué par la CFE CGC. Elle s’en désolidarise et appelle à la concertation.
Les procédures de licenciement engagées contre des représentants syndicaux par les sociétés Colas et SOMACO sont, semble-t-il, la goutte d’eau qui fait déborder le trop plein de la colère syndicale: salariés protégés, ils seraient les victimes d’une «jurisprudence Sodifram», selon un courrier incisif adressé le 8 septembre au préfet, à la Direction du travail et de l’emploi (Dieccte) et aux organisations patronales, et signé par quatre syndicats. Trois en réalité. Car si le titre «Déclaration d’alerte sociale», promet une tempête, il indispose.
Si le courrier signé par la CGT Ma, la CFDT, FO, et donc la CFE CGC, demande la tenue urgente d’une Commission Consultative du Travail (organe du dialogue social) extraordinaire, à laquelle le Medef et la Dieccte ont aussitôt répondu favorablement, c’est sur la base de revendications qui déplaisent au président de la CFE CGC Mayotte, Djoumoi Djoumoy Bourahima. Il indique dans un communiqué aux médias ne pas être en définitive signataire du courrier. Et pour plusieurs raisons.
La société mahoraise ne doit pas trinquer
«D’abord parce qu’on m’a proposé un simple projet de courrier qui n’avait pas la teneur du dernier jet. Ensuite, j’ai toujours été favorable à une table ronde pour débattre avec le patronat d’une situation où les responsabilités sont partagées», explique-t-il au JDM. Si certains représentants syndicaux se sont rendus coupables d’obstruction à la liberté de travail, une procédure stricte de licenciement est aussi à respecter du côté de leur direction à leur encontre. «Il faut dissocier les affaires. Des délégués de certaines organisations sont en difficulté, ce n’est pas pour autant que la société mahoraise doit s’arrêter de fonctionner», tempère Djoumoi Djoumoy.
Qui s’étonne qu’une des demandes inscrites au courrier porte sur l’exigence d’un «abandon immédiat de toute poursuite de salariés ayant fait usage du droit de grève»: «on doit laisser la justice faire son travail», commente-t-il, insistant sur les valeurs de négociations que défend la CFE CGC, «et que je ne lâcherais pas au profit de quelque intérêt que ce soit.»
Un mea-culpa général
Car il se murmure que l’intention ne serait pas que syndicale, et que les exigences quasiment irréalisables portées au courrier, comme l’application intégrale et immédiate du code du travail national à Mayotte, cache la volonté d’un rapport de force proche de celui que l’on avait connu en 2011. Et qui avait porté un des leaders syndicaux à la députation…
Djoumoy Djoumoi veut rester force de proposition dans un débat constructif : « pour un réel rétablissement des responsabilités des uns et des autres. » Notamment, davantage de réactivité du côté du patronat, avec une prise en compte rapide des revendications lors d’un dépôt de préavis de grève, « sans attendre qu’un rapport de force ne vienne détériorer les relations ». De leur côté, il le sait, des progrès sont à faire : « nous devons mieux accompagner et former nos représentants syndicaux. La grève est un droit, encore faut-il savoir l’exercer. Si on veut du changement, il faut commencer par changer nous-même », conclut le syndicaliste, en confirmant la présence de la CFE CGC si la tenue de la CCT est confirmée.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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