Entre la surveillance du canal du Mozambique et les patrouilles autour des Iles Eparses, le Nivôse s’est arrêté à Mayotte. Nous avons pu poser notre sac à bord un moment pour évoquer ses temps forts.
«Honneur et Patrie», «Valeur et Discipline»… la frégate de surveillance Nivôse affiche la couleur, grise en l’occurrence, qui contraste avec le blanc attendu de son nom de «neige» du calendrier républicain. Et, provocation, c’est sous les tropiques qu’elle a élu domicile, puisque basée, avec son sistership (bâtiment jumeau) Floréal, à Port-aux-Galets (La Réunion), en compagnie du La Grandière, de l’Albatros et du Malin.
En embarquant, le regard se pose aussitôt sur les missiles et les quatre mitrailleuses à poste fixe : «les missiles servent à incendier les bateaux, non à les couler comme le ferait une torpille» explique le commissaire du bord, Olivier Roitel. Il nous guide à travers les coursives, jusqu’au sein du Centre opérationnel avec ses radars infrarouges, en passant par la cabine Avia où le commissaire se change en chef de quart aviation, «assurant l’interface entre la passerelle et l’hélicoptère». C’est en l’occurrence un Panther et ses deux pilotes, qui ont à bord une piste d’atterrissage dédiée.
Un impressionnant canon, «La Fournaise», trône à l’avant et envoie, en action, 80 munitions par minute, que lui fournit un barillet géant.Un armement destiné aux missions de la frégate de 94 mètres, que décline Olivier Roitel : «la lutte contre la piraterie, pour laquelle nous avons été amenés à tirer sur des pirates somaliens lorsque le bâtiment était engagé dans l’opération Atalante, et la surveillance maritime de la Zone Economique Exclusive et du Canal du Mozambique».
Au début de l’année, le Nivôse a patrouillé le long des côtes de la Corne de l’Afrique, et son Panther a effectué des missions de recueil de renseignements.
Protection de la ressource maritime
Et le 9 septembre dernier, lors d’une patrouille dans la Zone Economique Exclusive (ZEE) d’Europa, le Nivôse surprend un bâtiment de prospection sismique (recherche d’hydrocarbures), le Pacific Falcon, affrété par une société filiale de la multinationale Schlumberger. Il est arraisonné et l’absence d’autorisation lui a valu la délivrance d’un PV, alors que les autorités françaises se réservent le droit de poursuites judiciaires.
Dans ce cas, comme dans celui d’un charter sud-africain pêchant dans notre ZEE, ou le pillage des Iles Eparses en holothuries (Concombre de mer), l’intervention est rapide, par hélitreuillage à bord du Commissaire Roitel, ou l’utilisation de l’Embarcation de drome Opérationnelle qui file à 30 nœuds.
Le navire a également été sollicité pour des opérations de formations de marins malgaches dans le cadre de la lutte contre la piraterie.
Le Nivôse quitte le port de Longoni, commandé par Jean-Baptiste Soubrier, 39 ans, et secondé par Yann Soulard. La vie des 94 membres d’équipages, dont deux Mahorais Bahedja et M’souili, et 8 femmes, s’organise : «Nous faisons nous-mêmes notre pain, 40 baguettes par nuit, et nous désalinisons l’eau de mer». A la cuisine, le cuistot règne sur le piano, comptant sur une cambuse gérée comme celle d’une ménagère de cinquante ans… Ca sent d’ailleurs la saucisse purée à midi !
La prochaine mission amènera le Nivôse vers les Terres Australes et Antarctiques Françaises (TAAF)… enfin un peu de neige ?
Anne Perzo-Lafond
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