La table ronde du Medef a accouché d’un relevé de conclusions en cinq points ce lundi, approuvé par deux signataires sur les cinq présents. La CFDT doit contacter sa base et les autres membres de l’intersyndicale et la FMBTP doit faire avaler une couleuvre à la Colas.
Il y a une chose que Thierry Galarme, le président du Medef, partage avec les syndicats de salariés : c’est la certitude que l’Etat français a négligé Mayotte depuis 1841. C’est pourquoi la proposition d’une transcription progressive du code du travail avec compensation financière de l’Etat pour tous les surcoûts consécutifs, est l’un des points phare du relevé de conclusions proposé par l’organisation patronale ce lundi.
Et peu importe que cela soit au prix d’une demande de levée des poursuites judicaires à l’encontre des délégués syndicaux. Une première de la part de patrons ! La balle serait donc dans le camp des directions des entreprises concernées, Somaco et Colas, sans qu’une date butoir n’ait été retenue.
Les syndicats qui avaient assuré de leur présence à la table ronde du Medef étaient bien là : la CFDT, la CFE CGC, UNSA, pour les salariés et le Medef et la FMBTP (Fédération Mahoraise du Bâtiment) pour les patrons. « Nous avons eu du mal à nous entendre, notamment sur le problème des licenciements des délégués », rapportait Naoioui Mohamed, président de la FMBTP et vice-président du Medef. Qui aura certainement du mal à obtenir un rétropédalage de Colas sur la sanction des salariés syndiqués grévistes.
Une Commission rassemblant syndicats et patronat
De son côté, le seul représentant de l’intersyndicale qui porte la fronde sociale, Balahache Ousseni, secrétaire départemental CFDT, fait de la levée des sanctions prises un préalable à toute discussion ultérieure avec le Medef, fusse-t-elle sur la transposition du code du travail national, « que nous souhaitons immédiate et en une seule fois ».
Cinq points sont contractualisés sur le relevé de conclusion rédigé conjointement : l’engagement de l’arrêt des poursuites contre les délégués des salariés, un accord sur la transposition progressive du code du travail soumis à l’approbation de l’Etat sur les compensations financières, la communication par la préfecture du calendrier de transposition dudit code du travail, la décision de rendez-vous trimestriels entre partenaires sociaux et la mise en place de la Commission paritaire locale de suivi entre syndicats et patronat avec formations à la clef. Un document destiné à être remis au préfet.
Le choix de Balahache
A l’heure où nous écrivons ces lignes, seuls le Medef et la CFE CGC l’avaient signé : « l’UNSA et la CFDT doivent consulter leurs bases », rapporte Thierry Galarme. Une phrase souvent entendue lors du conflit de 2011 sans que l’action soit productive. Le patron des patrons mahorais était malgré tout satisfait de la teneur des discussions et de l’accord, « et sans la présence de l’Etat ». La FMBTP doit de son côté contacter ses adhérents, dont la Colas…
Djoumoi Djoumoy Bourahima, président de la CFE CGC, se réjouit que les partenaires en présence aient pu s’exprimer franchement : « les patrons pour reprocher aux syndicalistes leurs actions et ces derniers pour exprimer leur ras le bol d’être vus comme des nuisibles. » Il voit dans la mise en place de la Commission paritaire locale un espace de médiation garant de l’expression des rancœurs sociales, « si elle avait existé, on n’en serait pas à évoquer le licenciement de délégués syndicaux ». Il est le seul à s’en remettre à la justice sur la sanction pour le blocage de l’accès à l’entreprise lors des grèves.
Deux choix s’offrent à la CFDT : soit elle calque son action sur celle de ses partenaires CGT Ma-FO et ne signera pas pour engager un rapport de force plus important avec l’Etat, soit elle se désolidarise et entérine les avancées sociales proposées.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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