La montée de la délinquance est une conséquence d’une jeunesse nombreuse et inoccupée à Mayotte. Avec un recours croissant à des substances chimiques. En face, le territoire souffre d’une pénurie de travailleurs sociaux. La mise en place d’un Institut Régional du Travail social, permettra à Mayotte de se doter de professionnels. Sous réserve qu’on lui en donne les moyens…
C’est en septembre 2016 que sera inauguré l’Institut Régional du Travail social de Mayotte. Jusqu’à présent, les diplômés du social à Mayotte sortaient de l’IRTS de La Réunion. Et depuis 2006, seulement 66 professionnels mahorais en sont sortis: «Je sais, nous n’avons pas formé assez de travailleurs sociaux», convenait Monique Girier, la directrice générale de l’IRTS La Réunion. Un chiffre qui monte en réalité à 117 , «si on compte les 55 étudiants actuellement en cours chez nous».
Un IRTS est une association loi 1901 à but non lucratif, mais nanti d’une délégation de service public de la formation. Il permet de décrocher l’un des 14 diplômes d’Etat du travail social. On peut y accéder par une formation en alternance, en validation des acquis de l’Expérience ou par l’apprentissage.
On y trouve les métiers de l’Accompagnement, comme les assistantes sociales, les métiers de l’Education, comme les moniteurs éducateurs, et tout ce qui a trait à l’Encadrement, dont les trois diplômes d’Etat, CAFERUIS, pour les cadres intermédiaires, CAFDES, pour les directeurs et DEIS. On y trouve aussi le management des organismes de l’économie sociale et solidaire.
« 84% d’insertion en emploi »
Ces pôles de compétences couvrent la petite enfance, donc tout à fait adapté à Mayotte, mais aussi Enfance et famille, la santé, la santé mentale, le handicap, la pauvreté, la gérontologie…
Et attention, on est peu, mais bon à Mayotte: «Le taux d’abandon est très faible chez vos étudiants à l’IRTS de La Réunion, 9% contre 15% ailleurs. Et les résultats aux examens conformes à la moyenne nationale, dont quelques très bons résultats comme un 20 à un mémoire l’année dernière ! Du jamais vu nulle part.»
Des étudiants très engagés dans le dispositif entourant leurs études, avec au bout un taux d’insertion satisfaisant, il ne manquerait plus que ça sur une île où beaucoup d’enfants sont en errance… «Selon une enquête réalisée il y a quelques semaines pour ces Etats généraux, nous constatons que 70% environ sont en emploi au conseil départemental, le reste étant salariés dans d’autres structures. Deux personnes seulement sont sans emploi pour des choix de vie personnels”. Un taux d’insertion en emploi de 84%.
Des résultats encourageants qui vont dans le sens de la création d’un IRTS Mayotte, en partenariat avec celui de La Réunion. Mais, comme son grand frère, il œuvrera avec les moyens qu’on lui allouera, puisque ce sont les collectivités qui financent ces formations. Des communes et le département qui vont devoir financer les études et ensuite, budgétiser cette future manne de main-d’œuvre spécialisée dans le domaine de l’enfance. Et au moment où l’arrivée du Fonds social européen permettra de rentabiliser leur recrutement.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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